Magazine Animation
mercredi 30 septembre 2009
C'est toujours intéressant de découvrir une nouvelle forme cinématographique. En fait, si l'on fait l'historique du cinéma il n'y en a eu que très peu : d'abord le plan fixe puis l'utilisation des mouvements de caméra, le montage intellectuel, le son, la couleur, l'écran large et… le format 3D. Je m'aperçois que je n'ai pas vécu les autres révolutions, je n'étais pas né. C'est donc d'autant plus captivant de voir ce que vont faire les cinéastes du 3D. Evidemment, il y a eu des essais dans le passé ; je me souviens encore d'avoir chaussé des lunettes rouges et bleues pour regarder des films de monstres en 3D dans les années quatre-vingt. Mais ce n'était que des films de monstres. Comme je l'ai déjà écrit auparavant, le 3D a été un peu développé comme le format Cinémascope, il s'agissait de faire revenir dans les salles obscures les spectateurs qui se contentaient de regarder des films tranquillement assis sur leur canapé dans leur salon. Le problème maintenant, c'est que si les télévisions 16/9 ne sont apparues que plusieurs décennies après la parution des premiers films écran large, du côté du 3D la télévision est en plein développement. J'en ai vu une au Sony Center à Tokyo, impressionnant ! On annonce que les premiers postes devraient arriver en 2010. Dommage pour l'industrie du cinéma… Au-délà de ce point de vue purement matériel, j'attends avec impatience de voir ce que vont faire de la technique du 3D les cinéastes qui considèrent cette forme d'expression d'abord comme un art plutôt qu'une machine à cash. Regardez le temps qu'a mis Chaplin à se mettre au parlant et encore, s'y est-il vraiment mis ? Pourtant aujourd'hui personne ne penserait à faire un film muet mais certains font encore des films en noir et blanc. Alors le 3D ? Comment le cinéma dit d'auteur va s'emparer de cette technique ? Va-t-il lui tourner le dos ? Je trouverai cela dommage, cette technique permet de revoir complètement la profondeur d'un plan, le composer d'une manière tout à fait différente. Pensez au célèbre plan de "Citizen Kane" où l'on voit au premier plan le verre sensé contenir du poison, la femme dans son lit et au fond Kane (je crois bien que c'est lui) entrant dans la chambre. Orson Welles a composé ce plan en superposant trois pellicules car ses caméras ne lui permettaient d'avoir une telle profondeur de champ. ça donnerait quoi en 3D ? Allez, messieurs les cinéastes, ne tournez pas le dos à cette technique Hollywoodienne et montrez-nous que vous pouvez créer une nouvelle forme d'expression grâce au 3D.
Je n'ai pas encore parlé du film. Il est très bien. Comme maintenant beaucoup de films d'animation, le film cherche à toucher un large public. Peut-être même un peu trop large car la tristesse du début du film a peut-être effrayé nos têtes blondes. C'est frais, plein de bons sentiments, avec une bonne dose d'humour. Bref, la recette habituelle des Pixar-Dreamworks. Et l'utilisation du 3D ? C'est bien fait, il n'y en a pas à outrance, c'est bien, cela évite de transformer ce film en animal de cirque occultant toute l'histoire.