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La grande nouvelle de Conrad, Typhon, est un classique. Au début du vingtième siècle, un piètre officier de marine transporte des coolies et des marchandises dans le détroit de Formose. Un typhon se déchaîne. La plupart des coolies meurent. Les rescapés pourraient s'en prendre à l'équipage. Contre toute attente, le capitaine arrive à bon port, cap maintenu dans la tourmente et marins saufs. Moi, je ne sais nager, mal, que dans les piscines et mon esquif tout pétri de métaphores est bien fragile. Or, je crains dans les jours qui viennent un mini typhon. Mes pensées, indissociables de mes émotions, en trament déjà le noeud. De quelles profondeurs surgiront les cordes ? Dans quel atermoiement illimité mon arroi se perdra-t-il ? Combien de passeurs de mots devrai-je appeler à mon secours ? Soyez cependant rassurés, ô mes lecteurs, je ne périrai ni dans les abysses de la mer jaune, ni sur le pavé luisant de Bordeaux. Le temps à mes côtés saura, une fois encore, épancher le sang noir de l'acédie...