Xavier Bertrand n’aime ni les amalgames ni les convictions de Nicolas Demorand

Publié le 30 septembre 2009 par Hmoreigne

29 septembre : saint Michel ou saint Bertrand ? On pouvait légitimement se poser la question hier en écoutant Xavier Bertrand invité du 7-10 sur France Inter . Poussé dans ses retranchements par des intervieweurs impertinents le secrétaire général de l’UMP, largement agacé, a quitté un temps son costume de chat ronronnant pour sortir les griffes et souffler quelques insinuations sur le manque d’impartialité des journalistes.

On se plait à décrire Xavier Bertrand comme un esprit carré dans un corps rond. Habile, l’homme sait jouer de ses rondeurs. Malin comme un chat, sa diction prend souvent des allures de ronronnement pour mieux servir une langue de bois de première qualité.

En venant sur France Inter le secrétaire général ne s’attendait sans doute pas à être reçu avec le tapis rouge mais quand même. Après tout Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas confirmé son emprise sur la radio publique en choisissant personnellement un ami de Carla pour la diriger ?

Philippe Val se fera sans doute reprocher l’impudence de ses troupes mais, c’est pourtant ce ton qui fait le succès d’Inter et notamment du 7-10 piloté de main de maître par un Nicolas Demorand aux questions pertinentes et à la répartie cinglante. Passée l’impertinence habituelle de Stéphane Guillon, Xavier Bertrand pensait sans doute effectuer une promenade de santé. Il n’a pas été déçu.

Dur dur d’être le patron du parti présidentiel dans un contexte difficile marqué par les coups de godille du chef de l’Etat. Un président schizophrène qui désarçonne ses partisans et opposants en gouvernant tout à la fois comme un libéral et comme un étatiste. Mais Xavier Bertrand était là pour faire “le boulot” et il s’y est collé, en soldat discipliné du sarkozysme, armé de ses talents oratoires d’assureur. D’habitude ça fonctionne plutôt bien. Les critiques ou propos désobligeants glissent sur le ronronnement du chat. Pas cette fois.

L’insistance de l’équipe du 7-10 à avoir des explications notamment sur le dossier France Télécom a fini par hérisser le poil du félin. Difficile en effet de trouver une réponse à l’observation de Thomas Legrand lorsqu’il fait remarquer que le candidat Sarkozy n’a eu de cesse d’en appeler à la notion de responsabilité des dirigeants mais que dans le cas des suicides de France Télécom dont l’Etat est l’actionnaire majoritaire, la situation du PDG ne semble pas menacée.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase (vidéo 3, 19′) c’est le lien fait par Nicolas Demorand entre France Télécom et La Poste sur la question du management. “Le facteur humain sera-t-il protégé ?” avance le journaliste. En difficulté le secrétaire général de l’UMP choisi l’esquive. “Il est à la fois curieux et choquant votre amalgame”, “vous avez des questions, vous avez aussi des convictions, il faut savoir les assumer”.

L’insinuation aux sous-entendus menaçants est perfide. France Inter serait-il un nid de gauchistes ? Le virage de Xavier Bertrand est saisissant. Il marque le raidissement du camp présidentiel et une pression forte sur les médias dans le droit fil du manichéisme Sarkozyste. Ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi. C’est ce qu’on appelle faire passer des messages. A bon entendeur …

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