La fille a des lunettes à montures rouges, un petit chignon très sophistiqué. Maquillage discret, chaussures de luxe. Soin du détail jusqu'aux canons de ses jeans de luxe retroussés sur le talon pour que l'ourlet ne frotte pas le sol. Il la regarde, assis dans le tram, obtus, fermé, de mauvaise humeur. Il occupe deux places, son sac à dos est posé à côté de lui. Un homme grisonnant, à lunettes, avec une montre de luxe, une veste en cuir mauve et un pantalon gris taché.
Je désigne la place vide. Il débarrasse le deuxième siège avec mauvaise volonté, lenteur. Puis il observe du coin de l'œil ce que j'écris sur lui.
Une dame à cheveux courts blonds le remplace. Ses escarpins sont noirs et pointus. On voit sa longue robe sous un imperméable caca d'oie ouvert. Elle lit dans le journal les confessions d'un acteur de séries télé américaines. Quand il était ado, explique-t-il, il volait les slips de son père pour les porter lors de ses rendez-vous amoureux. Il se demande encore pourquoi. Décidément, le monde est intéressant.