ACDL fait sa rentrée et souhaite mettre en avant chaque semaine un ou plusieurs ouvrages qui paraîtront ou qui sont parus dans le cadre de la rentrée littéraire.
Aujourd’hui voici le Guide de l’incendiaire des maisons d’écrivains en Nouvelle Angleterre (pffiouu) de Brock Clarke publié chez Albin Michel (août 2009).
par Mathilde Gras:
Brûler une maison d’écrivain c’est pire que le plus gros autodafé jamais orchestré. Ca vous colle à la peau comme les flammes au papier. Sam Pulsifer est le bouc émissaire parfait. A dix huit ans, il a brûlé la maison de l’écrivain Emily Dickinson et tué deux personnes dans l’incendie. Alors quand la maison d’Edward Bellamy et de Mark Twain s’embrasent, ne cherchons pas plus loin : c’est lui. Le coupable, s’entend.
Le guide de l’incendiaire n’est pas seulement un guide, c’est un oignon à plusieurs couches. A première vue, c’est un roman. Si on gratte un peu, on peut voir des morceaux autobiographiques. Brock Clarke présente même une critique d’un de ses romans, ce qui apporte un léger sourire. La couche en-dessous, c’est un essai : une histoire sur les histoires. De la méta littérature est parsemée par-ci par-là avec pour problématique « les livres ont-ils une influence directe sur les individus ? » ou plus concrètement « peut-on accuser une histoire d’être coupable d’un incendie ? »
Ce guide apprend aussi à grandir. A bien écouter Sam Pulsifer, on entendrait presque Holden Caulfield nous attraper le cœur avec ses expressions répétitives et enfantines, son regard naïf mais franc. On voudrait crier à ce gamin de se défendre, de mieux s’expliquer. De tout ce qui lui vient à l’esprit, il ne laisse que la culpabilité transparaître. Alors évidemment si le coupable idéal se présente sur un plateau d’argent…
Brock Clarke manie la naïveté de son personnage de main de maître sans le ridiculiser ou en faire un stéréotype. On voit un grand enfant dont on a pitié se démener avec des adultes dans un monde qu’il ne comprend pas. On entrerait bien dans ce livre pour prendre sa défense. Mais ça se saurait « si la réalité n’était qu’une histoire et les histoires, la réalité ». Pas vrai ?