Bouteille à l'amer

Publié le 30 septembre 2009 par Cyrilboyer

Vous savez à quoi on reconnaît les Français qui viennent d'arriver au Luxembourg ? Ils demandent une carafe d'eau du robinet dans les restaurants. Ici, ça ne se fait pas. Mais pas du tout. Les pichets ne servent qu'au vin du patron. Et l'eau du robinet à la vaisselle et au café. Déjà que c'est limite si on ne se brosse pas les dents avec de la Rosport, ce n'est pas pour boire une cruche avec ses sushi.
On s'y fait. Même si je ne vois pas la plus-value de l'eau minérale dans le Ricard, je reconnais par ailleurs que c'est un peu bête de gâcher le goût des aliments par un verre d'eau parfumée au chlore.
On s'y habitue même tellement que, de retour en France, le réflexe subsiste (moins dangereux que celui de s'imaginer que les voitures s'arrêtent toujours si on traverse sur un passage piéton) : on ignore la carafe et on commande une Badoit ou une Evian. Ce n'est pas ça qui va vous ruiner et ça aide les pauvres restaurateurs qui ont bien du mal avec cette baisse de la TVA qui leur complique les calculs et leur coûte encore plus d'argent que le passage aux 35 heures qu'ils n'ont jamais appliqué. Dans certaines situations, on serait même gênés de faire autrement.
C'était par exemple le cas la semaine dernière, en vacances en France, quand nous fêtions avec ma chère et tendre son changement de dizaine à la table étoilée d'un établissement de l'honorable chaîne Relais et Châteaux. Pourtant, j'aurais dû demander la carte des eaux en plus de celle des vins. Exception faite des grands crus hors de (mes) prix, les tarifs de cette dernière étaient, en effet, plutôt raisonnables. Mais quand j'ai vérifié la note, à la fin du repas, c'est le montant de la bouteille d'eau pétillante (de 1 litre, certes) qui m'a laissé pantois : 65 euros ! De l'eau. Avec du CO² (peut-être déjà surtaxé ?). Qu'on trouve dans toutes les grandes surfaces. Même pas vieillie en cave pendant 10 ou 15 ans (enfin, j'espère). La prochaine fois, on ne boira que du rouge...