J'ai déjà appelé sur ce blog à bien distinguer banques de dépôts et banques d'affaires. Rien d'original, d'autres l'ont fait avant moi, et, sous l'influence de Jean Peyrelevade, c'est une position maintes fois exprimées par le MoDem, désormais. Mais François Bayrou, qui la sens de le formule et de l'image, m'a tout récemment fait rire :
Concernant le sommet du G20 et les volontés exprimées de moraliser le capitalisme, le député des Pyrénées-Atlantiques a affirmé : "l'essence du capitalisme est d'être amoral. Je ne dis même pas immoral : amoral". "C'est fait pour faire de l'argent pour ceux qui ont de l'argent. La morale a peu de choses à voir", pour François Bayrou. "Le combat qu'on est en train de livrer, puisqu'on parle du G20, sur les bonus des traders, est un combat largement de diversion. Le problème du capitalisme, c'est pas les traders, c'est le système qui fait que ce qui devrait être protégé --les dépôts des épargnants-- est mis dans des risques excessifs", a-t-il ajouté. "Il faut séparer les activités de banque de dépôt, de protection des épargnants, de financement de l'économie, du risque insensé de jeu, de casino", a-t-il poursuivi. "Si vous faites ça, vous avez un système de cloisons étanches", a rappelé le Président du Mouvement Démocrate, en relevant que le naufrage du Titanic était dû à la non-étanchéité de ses différentes parties.
Tout en étant d'accord sur le principe, je demeure prudent sur l'application : les mouvements boursiers ne se limitent pas à des tours de roulette russe, et il y a une imbrication plus forte qu'on le pense entre les dépôts, pour les banques d'affaires, et leurs prises de risque. On peut le déplorer, mais ce sont aussi les confortables matelas que constituent les dépôts qui leur permettent de financer de temps à autre des activités risquées. Le tout est de définir des normes prudentielles. Une séparation radicale pourrait aboutir à une chute non moins radicale de leur activité et entraîner par ricochets successifs de fortes contractions de la croissance économique.