Deux jours passés avec Angèle Paoli a parler de soi, de la poésie, de la vie, à arpenter les rues dans la douceur de cet automne qui se la joue été-qui-n’en-finit-pas. C’était la première fois que nous nous rencontrions dans la “vraie vie” après avoir eu de longs échanges sur internet, avec nos blogs respectifs ( le sien = TERRES DE FEMMES). Nous avons élaboré un projet dont je reparlerai bientôt ici. Elle m’a offert son livre Lalla ou le chant des sables.
Elle était partie de là-bas, du fin fond des terres calcinées de la montagne, en amont du désert d’Anabar.
C’est le récit-poème qui raconte comment une femme, Lalla, quitte ce qui lui est familier, une maison…
Elle s’était déplacée, nus pieds sur les tomettes rouges vernissées…. Elle avait jeté un dernier regard sur le patio orné d’azulejos, et sur la glycine qui courait le long des balcons en terrasse.
…pour rejoindre le désert, non pour fuir l’humain mais en quête d’un absolu.
Le désir de désert avait repris la jeune femme, elle sentait en elle une ardeur inconnue qui la poussait au-delà, toujours plus au-delà d’elle-même et de ses propres forces.
Avec une écriture rythmée par la marche, Angèle Paoli inscrit nos pas de lecteurs dans ceux de Lalla jusqu’
À l’aube,(où) le souffle déjà chaud du simoun l’emporta dans son chant.
Ce très bel ouvrage avec en couverture une photo de Guidù Antonietti di Cirnaca a été tiré à quatre-vingt exemplaires numérotés et signés (par l’auteur). On peut se le procurer à l’adresse suivante : Terres de Femmes, 20217 Canari. au prix de 20 € +2,50 € de frais de port.
Aujourd’hui, nos pas nous ont entraînées, naturellement vers une librairie. On cherche, on trouve parfois, pas toujours de que l’on cherchait. C’est ainsi que je suis tombée sur En territoire cheyenne d’Éric Chevillard , illustré par Philippe Favier, chez Fata Morgana. Que c’est agréable de faire des découvertes pareilles, alors qu’on ne s’y attend pas. Depuis presque six mois, ce livre d’Éric Chevillard existait et je ne le savais pas. D’où l’utilité d’aller dans les librairies. Internet, c’est bien mais pas très surprenant, il est difficile d’y circuler entre les rayons, d’y fouiller, de feuilleter de poser ou emporter. Sur internet on sait ce qu’on veut à l’avance, on clique, et c’est finit.
Ce livre commence ainsi …
Je ne commettrai pas l’erreur de Rimbaud et de tant d’autres dont la trace si souvent se perd : je ne marche plus que sur du ciment frais.
Je n’en dirai pas plus car il faut prendre le temps de découper les page, de prolonger ce plaisir.
Une amie me disait qu’elle s’amusait à faire rapidement tous les soirs un bilan de sa journée, juste pour sentir qu’elle avait avancé. Ce soir, si je m’amuse à ce jeu je peux dire : deux livres, deux beaux objets, deux textes dont un encore à découvrir… Parfois il ne faut pas plus pour voir le monde en bleu.