Fils et neveu de géographe il découvre très tôt le goût des voyages et à 16 ans il a déjà visité l’Angleterre, l’Allemagne et les Pays-Bas. Dans ses mémoires il écrira : « Je puis
dire que je suis venu au monde avec le désir de voyager. Les entretiens que plusieurs sçavans avoient avec mon père sur les matières de géographie qu’il avait la réputation de bien
entendre et que tout jeune que j’estois j’écoutois avec plaisir, m’inspirèrent de bonne heure le désir d’aller voir une partie des païs qui m’estoient representez dans les cartes où je ne pouvais
alors me lasser de jetter les yeux..."
De 1630 à 1633 il fera un long voyage en Orient qui le mènera à Constantinople, en Arménie, à Bagdad, Malte et en Italie.
Son deuxième grand voyage se passe en 1638 en Perse et en Inde ; à Agra il est présenté à la cour du Grand Moghol, Shâh Jahân et découvre les mines de diamants (Golkonda). Il comprend
immédiatement le parti qu’il peut en tirer et achète ses premiers diamants indiens.
Il s’installe à Gollonda afin d’étudier les mines de la région. Passionné par les diamants, il nota les techniques d’extraction, leur taille, leur polissage tels que pratiqués en Inde à cette
époque. Il nota que le commerce des diamants avait lieu en silence. En conséquence, il décrivit le langage secret des commerçants pour évaluer leurs chiffres d’affaires. Ayant appris que Goa
était le centre du commerce des perles, il se déplaça dans la région portugaise. Tavernier achetait des diamants, des perles, et d’autres pierres précieuses en Inde, parois directement à la
sortie des mines et les revendait très cher en Europe. Ainsi il amassa une fortune colossale.
Il retournera en Inde à plusieurs reprises, de 1651 à 1668. Tavernier se bâtit une immense fortune et se fait connaître aussi bien des princes orientaux que de la cour de Louis XIV. Il est
d’ailleurs présenté à Louis XIV auquel il vendra le fameux dimant « Hope » (dont nous avons déjà parlé dans l’article sur l’Inde et les diamants).
En 1669, le roi lui décerne des lettres
de noblesse lui permettant d’acheter la baronnie d’Aubonne, près de Genève.
En 1676, il publia les Six voyages de J. B. Tavernier en présentant ainsi son livre : « Ecuyer baron d’Aubonne, en Turquie, en Perse, et aux Indes : pendant l’espace
de quarante ans et par toutes les routes que l’on peut tenir : accompagnez d’observations particulières sur la qualité, la religion, le gouvernement, les coutumes et le commerce de chaque
païs, avec les figures, le poids et la valeur des monnoyes qui y ont cours. ».
Tavernier y parle des magiciens, d’attaques de pirates, de réceptions à la cour du Grand Mogol. Il évoque les belles fêtes et la dureté des tortures. Avec ce livre, Tavernier dépeint les
évènements de l’Orient du XVIIIe siècle en devenant du même coup l’un des premiers « grands reporters » de son époque. Il relate dans son livre quarante années d’observation directe à
travers toute l’Eurasie. Tavernier témoigna de la construction du Taj Mahal. Il participa à des rites inconnus. A la recherche de nouveautés, il ne cessa jamais de noter et de décrire les objets
qui passaient sous son regard : un éventail mécanique, un four solaire ou bien un outil permettant le calcul exact d’une prochaine éclipse.
Au moment d’écrire le livre de sa vie, Tavernier avait déjà parcouru 240 000 kilomètres. Ses ouvrages ont également le mérite d’être clairs et de fournir des informations précises. Ainsi
aident-ils le lecteur dans la connaissance des monnaies en cours, des taux de change pratiqués, des différentes mesures de poids et de longueurs, et des règles douanières et
commerciales.
Il fut tantôt tenu en estime, tantôt attaqué par les écrivains, intellectuels et autres confrères de son époque, tant de son vivant qu’après sa mort. Quelques uns comme Voltaire lui reprochèrent
son matérialisme et son intérêt excessif pour les diamants (Voltaire estimant « qu’il n’apprend guère qu’à connaître les grandes routes et les diamants », ) quand d’autres lui rendirent
hommage, à l’exemple de Gobineau, de Montesquieu, ou de Boileau.
Les dernières années de la vie de Tavernier furent difficiles au vieux globe trotteur (en grande partie à cause de la révocation de l’édit de Nantes). Ayant voyagé toute sa vie, il ne parvint pas
à s’établir définitivement à Paris et reprît le chemin de la Perse par la route de Russie à l’âge de 82 ans. Deux ans après, il s’éteint à Moscou en 1689. Par sa curiosité et sa volonté de
découverte, Jean-Baptiste Tavernier nous a laissé une somme précieuse de connaissances à propos de l’Orient du XVIIe siècle.