Hier matin, Slovar les Nouvelles a publié sa vision de la déroute sans nom du SPD aux élections législatives (nous vous conseillons également la lecture de l’interview de Gilbert Casasus sur Marianne2.fr )
Alors qu'il nous semblait que le Parti socialiste français devrait se contenter de faire profil bas et annoncer (devant ces résultats prémonitoires) qu’il cesse tout égarement dans sa course à la "modernisation" socio démocrate, nous avons pris connaissance du dernier article écrit par François Hollande sur le site Slate qui semble prouver que certains leader du PS continuent à se voiler la face.
La majorité des partis socialistes ou socio démocrate européens ont vendu leur âme au "diable" capitalisme et perdent à chaque élection un peu plus de terrain. Cette perte de crédibilité tient au fait qu’à force de vouloir singer la droite libérale, les électeurs leur préfèrent l’original ou se réfugient dans l’abstention
Dans cet article, François Hollande joue habilement entre le commentaire sur l'élection allemande et la situation en France, qui présente, c'est évident des similitudes. Nous avons donc décidé de répondre à ses arguments sur la défaite du SPD en Allemagne (et le résultat des élections au Portugal)
Nous vous donnons ci-dessous l'intégralité de son texte avec nos commentaires
" ... / ... Le SPD s'effondre plus encore. Et c'est le parti libéral qui rafle la mise et devient le nouveau partenaire d'une majorité tournée davantage à droite. Au Portugal, l'enjeu était de reconduire ou pas le Premier ministre socialiste José Socrates. Celui-ci sort gagnant du scrutin, mais perd sa majorité absolue au Parlement. La droite, divisée, est au plus bas, et la gauche de la gauche sur deux listes différentes, au plus haut (20%). Quelles leçons tirer de ces deux consultations, un an après le déclenchement de la crise? 1. Les partis au pouvoir fléchissent, mais ne rompent pas. Leur érosion témoigne du mécontentement de l'électorat, leur solidité de sa crainte de tout changement. L'ordre et la stabilité deviennent des valeurs refuges.
Petite différence toutefois : En Allemagne c'est un front majoritaire de droite qui va gouverner alors qu'au Portugal la gauche perd la majorité absolue. Quant à la gauche représenté par José Socrates, il est utile de lire ce qu'en dit un article de l'Express :
"Avec qui José Socrates va-t-il tenter de s'allier pour pouvoir gouverner sans que son parti ait réussi à conserver la majorité absolue? Nous ne savons toujours pas s'il cherche des alliances: il le fera sans doute et ne l'a pas exclu... S'allier oui, mais avec qui? Et sur quelles bases? L'alliance est inenvisageable avec la droite PSD et l'extrême gauche. Socrates a donc trois alternatives. La première est de rester tout seul, mais dans ce cas il sera minoritaire à l'Assemblée générale. La deuxième est de s'allier avec le CDS-PP (conservateur), un des grands gagnants de ces élections. Enfin, avec le BE (Le Bloc de gauche)
Sans compter ce commentaire : "L'UMP rêve de pouvoir appliquer le programme du Parti socialiste (PS) de José Socrates", affirme Arthur Silva (rédacteur en chef de l'Association Luso-Française Audiovisuelle), en allusion au système plutôt de droite imposé par le Premier ministre. Depuis déjà quelques mois, le chef de l'Etat portugais est accusé d'être plus à droite que Tony Blair" Et le fait que : 40% des électeurs inscrits ne sont pas allés voter. Première historique depuis la révolution des Œillets en 1974 et le retour de la démocratie au Portugal.
2. Les petits partis prospèrent, où qu'ils se situent, plus à droite ou plus à gauche. Ils véhiculent la protestation et ne s'embarrassent pas du poids encombrant du réalisme. La crise les nourrit, mais pas suffisamment pour les rendre incontournables.
Il me souvient qu'en 1969, la SFIO donnait naissance au Parti Socialiste et que son candidat officiel à la présidentielle recueillait 5% et que le renouveau fut un échec, et qu'il faudra attendre François Mitterrand pour faire du PS un grand parti.
Qui est capable aujourd'hui de dire qui sera le grand parti de gauche de demain ? De la façon dont la direction et un certain nombre d'élus du PS se comportent, il y a lieu de penser que "petits partis deviendront grands". Ce raisonnement est applicable à TOUS les Parti socio démocrates européens qui ne répondent plus aux aspirations du peuple de gauche et préfèrent se transformer en administrateurs (parfois zélés) du pire capitalisme.
3. L'idéologie paraît secondaire. Centre droit et centre gauche sont regardés comme l'avers et le revers de la même pièce. Ils subissent le même déclin, celui des forces de gouvernement, auxquels les peuples livrent leur destin mais sans enthousiasme ni plus guère de confiance.
Mais non, l'idéologie n'est pas secondaire. Ce sont surtout les socio démocrates qui n'en n'ont plus ! Il y a quelques années, les socio démocrates d'un pays nordique perdaient les élections. Le nouveau premier ministre conservateur annonça immédiatement qu'il n'avait quasiment rien à changer au programme de son prédécesseur.
Ce cas est de plus en plus fréquent et est représentatif de la désaffection des électeurs. En Allemagne, beaucoup d'électeurs de la CDU ont voté pour les libéraux. En gros, il sont passés de droite à ... droite. Le SPD qui a gouverné avec les conservateurs n'a reçu que ce qu'il méritait : Le rejet des électeurs !
4. La social démocratie n'est plus identifiée comme un modèle à l'échelle de l'Europe, mais considérée pays par pays dans sa version locale. Moderniste à Lisbonne, usée à Berlin. Elle s'en sort quand elle dispose d'un vrai leader, Socrates au Portugal. Elle glisse en Allemagne, faute de trouver un remplaçant sérieux à Gerhard Schröder.
Un remplaçant sérieux à ... Gerhard Schröder ! Non, c'est une plaisanterie ?
L'homme avec Tony Blair qui a inventé la fumeuse troisième voie ? Cette géniale idée qui consistait à se faire élire à gauche et gouverner exactement comme la droite l'aurait fait ?
Comme nous le rappelions sur Slovar : C'est le gouvernement de Gerhard Schroder qui a mis en place le plan Hartz d'aide au chômeurs :
" ... Pour en justifier, il faut que le foyer dans son ensemble ne perçoive pas suffisamment de revenus. « Autrement dit, explique Lutz Kupitz, dirigeant de la section Die Linke de Bernau, non seulement la personne au chômage doit être dépourvue de ressources, mais ses proches doivent établir la preuve qu’ils ne peuvent pas l’entretenir. » ... / ... Pour les chômeurs de longue durée qui ne perçoivent plus, après un an sans emploi, que l’aide sociale (395 euros), c’est déjà un cauchemar. « Avec Hartz IV (la réforme du marché du travail, instaurée il y a quelques années par le gouvernement Schröder), on est placés sous surveillance et confrontés en permanence aux chicaneries de l’administration déclare Mathias, la cinquantaine, technicien sans emploi depuis trois ans ... "
Soutienez-vous également les déclarations de Peter Struck, chef de file du SPD au Bundestag qui déclarait : "En raison des bouleversements démographiques, nous avons besoin de la retraite à 67 ans" - Source Le Figaro
Et que pensez-vous de ceci : "Fin août, Duisbourg, cet ancien bastion social-démocrate a réélu pour un second mandat un maire chrétien-démocrate (CDU), Adolph Sauerland. Seuls 45,7 % des électeurs se sont déplacés, une participation historiquement basse. L'électorat ouvrier est resté à la maison ... / ..." Source Le Monde
5. La gauche de la gauche progresse, elle publie des communiqués de victoire, bombe le torse et fait la leçon à coups de menton. Mais elle ajoute la nuisance à l'impuissance quand elle prend pour cible le seul parti avec lequel elle pourrait un jour gouverner: celui des socialistes. Elle construit ses succès sur la défaite de son camp.
Ceux vous connaissent prétendent que vous avez de l'humour. Nous préférons croire que c'en est ... Les socialistes ou socio démocrates n'ont besoin de personne pour perdre des élections.
"Il vaut mieux perdre des élections, que perdre son âme !" disait (le sulfureux) Michel Noir en refusant tout accord avec le FN. Le SPD, lui, a perdu les élections et surtout son âme .... depuis bien longtemps ....
Vous croyez vraiment qu'on peut faire rêver ou donner des perspectives d'avenir à des gens en leur proposant de poser ses pas "dans les pas de la droite" (si modérée soit-elle).
Nous avons souvent par le passé condamné l'extrême gauche pour son refus d'alliance. Mais cette fois-ci, arguer qu'il faut aveuglément se joindre au Parti Socialiste uniquement parce qu'il représenterait le seul leader incontesté est une imposture et nous rejoignons le NPA qui demande au PS d'expliquer ce qu'il ferait une fois au pouvoir. Les français ne s'y tromperont pas plus que les allemands !
6. Les verts plafonnent à moins de 10%. Nulle poussée écolo outre-rhin, pas davantage dans la péninsule. Un mouvement s'installe néanmoins en Europe, mais sans la dynamique que confère une alliance stratégique.
Un peu vite dit. Les Verts allemands ont une audience beaucoup plus importante dans leur pays et ont instillé dans tous les partis une bonne dose d'écologie. Le SPD en faisant cavalier seul et ne trouvant aucun accord électoral avec les Verts a justement cassé la dynamique de gouvernement des années précédentes.
En France, une partie des électeurs qui ont voté pour les Verts à la dernière élection européenne votent habituellement socialiste. Si la stratégie consiste à croire à une alliance avec le MODEM plutôt qu'avec les Verts, il est clair que dans peu, on pourra dire PS = SPD = branlée électorale. Mais comme disait Dalladier en 39 : "On les aura" et on a bien vu qui a eu qui !
Chacun trouvera ici les analogies qui lui conviendront, et évaluera ces résultats à l'aune de ses préjugés. Je préfère en rester au constat. C'est la clarté, la cohérence et la crédibilité qui permettent de construire une victoire. C'est en étant soi-même qu'une force de gouvernement peut avoir une chance d'y accéder ou d'y rester. A douter de soi, on finit par faire fuir ses électeurs, cette leçon vaut aussi pour la France à travers les élections partielles.
Et bien, chez Slovar, nous trouvons beaucoup d'analogies et les jugeons effectivement à l'aune de nos préjugés. Nous retiendrons la dernière phrase qui est sans doute la plus terrible de cet texte : "A douter de soi, on finit par faire fuir ses électeurs, cette leçon vaut aussi pour la France à travers les élections partielles" De notre côté, nous dirons,et nous sommes de plus en plus nombreux à le penser, "qu'à faire douter les électeurs, on finit par les faire fuir ou ... rester à la maison ..."
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Slate