Elle m'avait confié que l'action du roman qu'elle venait de commencer se déroulerait aux abords du canal Lachine. On s'était organisé une petite balade dans les environs, question de faire du repérage et de tâter le pouls de ce petit coin de monde. Je me souviens, il faisait beau, je roulais au hasard en l'écoutant me raconter les prémices de son histoire à venir. En l'écoutant aussi me raconter des pans de sa vie. En toute amitié. En toute simplicité.
Pas mal d'eau a coulé dans le canal entre cette douce ballade et la parution de son livre. Dorénavant dans les quartiers de l'Une, je ne pouvais faire autrement que retourner dans le sud-ouest pour lire Je Compte les Morts de mon amie Geneviève Lefebvre.
C'est une expérience assez fascinante de lire un roman dans le lieu même où l'action se passe. Assez troublant également de se voir apparaître subrepticement comme personnage de fiction. Cette petite apparition éclair m'a réellement touché.
Difficile de ne pas entamer cette lecture avec un a priori positif. Mais dès le départ, j'ai été happé par cette histoire emplie à la fois de tendresse et de douleur. J'ai été séduit par son rythme, par le sens de la formule, par la douce ironie, par la façon qu'a l'auteure de nous livrer ses personnages. Ça sent le vécu, ça sonne vrai. J'ai aimé le son de la musique dans mes oreilles, celui de l'odeur du café dans mes narines. J'ai aimé tourner dans ses rues et me balader dans ses pages. En ce qui me concerne, ce n'est pas le roman de quelqu'un qui veut briller, c'est un roman qui brille par lui-même.
Je pourrais dire encore et encore comment j'ai adoré ce livre. Je me contenterai de remercier sincèrement et tendrement Geneviève pour cette belle et géniale balade.