Berlusconi lave plus blanc que blanc !

Publié le 28 septembre 2009 par Jean-Marie Le Ray


Hier matin j'ai posté un tweet qui dit ceci :

L'état italien s'apprête à lancer la plus grosse opération de blanchiment d'argent sale jamais réalisée par aucune mafia. Merci Berlusconi !

Voyons de quoi il s'agit.
Le Sénat et la Chambre des Députés ayant approuvé cette semaine ce soit-disant "bouclier fiscal", maintenant reste à voir s'il sera signé par le président de la République italienne.
Une loi promulguée par un parlement mafieux, selon Antonio Di Pietro, un gros coup de pouce au terrorisme et au blanchiment, selon le parti démocrate.
En clair, l'état dit à TOUS ceux qui ont fraudé le fisc en détournant 600 milliards € de capitaux "illégalement" détenus à l'étranger (selon les estimations), vous pouvez rapatrier tout cet argent, il ne vous en coûtera que 5% pour régulariser les 95% restants, pour lesquels nous vous garantissons une absence totale d'action en justice indépendamment de la façon dont vous aurez "gagné" vos sous : fraudes et trafics en tous genres, drogue, armes, êtres humains, etc., nous ne sommes pas regardants.
Que vous soyez des mafieux ou des criminels en col blanc, des banqueroutiers ou des dictateurs, ne vous inquiétez de rien, le dépôt de chaque dossier est ANONYME !
Profitez-en bien, notre "bouclier" est unique au monde, une amnistie a priori qui vous protège contre toutes les plaintes ou poursuites éventuelles, vous avez la parole de Silvio Berlusconi !
Sa majorité le reconnaît piteusement : nous sommes bien conscients que c'est là le point faible d'une "mesure" à laquelle il fallait donner un brin de "tax appeal" sans quoi personne n'en voudrait...
Mais c'est un "mal nécessaire", comme l'a défini Brunetta, le ministre champion de l'intégrité dans l'administration publique...
Qui en profite pour attaquer les magistrats en les accusant de trop se monter la tête ! Il est vrai qu'ils viennent de déclarer combien ils sont contraires à cette nouvelle amnistie déguisée, fiscalo-mafieuse (Fabrice Rizzoli dixit)...
Cette même majorité, qui proclamait il y a tout juste 6 mois (20 Mars 2009) : « L'Italie n'adoptera un nouveau "bouclier fiscal" que si l'Union européenne décide dans ce sens » !
Or que je sache, à ce jour l'UE n'a sûrement pas l'intention de proposer une saloperie pareille à ses citoyens. Y a qu'en Italie qu'on voit ça.
Sans oublier un tout petit détail : si vous n'êtes pas obligé de déclarer d'où vient votre argent ni comment vous vous l'êtes procuré, rien n'indique que l'argent que vous "amnistierez" était planqué "hors des frontières"...
Conclusion logique, tous les milliards d'euros dont débordent les caisses de la mafia peuvent être blanchis sans AUCUN risque, de la façon la plus légale qui soit !
Et à la limite, si toute la criminalité du monde voulait bien se donner la main pour venir investir ses "prises de bénéfices" en Italie, en toute impunité, l'état prostitué lui en saurait fort gré.
Car tel est le seul véritable but de cette opération INDIGNE d'une démocratie : favoriser les mafias en tous genres, il n'y a pas de raison que Berlusconi ne se fasse des lois que pour lui, il faut aussi penser aux copains de temps en temps.
Ce brave homme est pire qu'une calamité naturelle force 10 à lui tout seul.
Dans un nouveau quotidien dont le premier numéro est sorti cette semaine, IL FATTO (j'y reviendrai), l'édition de samedi dernier (le 26 septembre, le jour de la marche des Agendas rouges à laquelle j'ai eu la chance de participer...) titrait : Président, ne signez pas...

Un appel ayant déjà reçu plus de 50 000 adhésions et un article signé Bruno Tinti, dans lequel l'ex-responsable du pôle de criminalité économique et financière du Parquet de Turin, spécialiste en la matière, rappelle au Président, entre autres, qu'avec l'amendement Fleres (celui qui garantit l'impunité totale), une loi déjà odieuse devient un instrument d'illégalité :

Car ceux qui seront protégés par le "bouclier" ne pourront plus être poursuivis pour fraudes fiscales, comptables et faux en écritures, qui sont les moyens par lesquels les "bénéficiaires" auront produit les capitaux que l'État amnistie ; de même que les intermédiaires et les professionnels qui s'occuperont du rapatriement des fonds ne seront pas tenus de se conformer à l'obligation de déclarer qu'il s'agit d'opérations de blanchiment : on légalise ainsi l'omertà et la complicité.

Je vous fais grâce des explications techniques qui suivent...
Pour conclure, si cette loi passe, l'Italie est en passe (entre une passe et l'autre...) de devenir le premier pays off-shore de la planète par ordre d'importance. Et tout ça à l'heure où le G8 de l'Aquila, sous l'impulsion de ... Berlusconi, se proposait de fixer de nouvelles règles pour la finance mondiale, une "ambition" reprise par le G20 ces jours-ci, mais avec quels résultats :

  • Les paradis fiscaux seront-ils démantelés ?
    Non, ils sont blanchis...
  • Les marchés de gré à gré et les hedge funds seront-ils interdits, et les produits dérivés et la titrisation fortement encadrés ?
    Les banques de dépôts et les banques d’affaires seront-elles séparées ?

    Non, tous les mécanismes financiers pratiquement incontrôlables sont maintenus...
  • Les transactions financières seront-elles taxées ?
    Non, ...

En clair, continuons à payer nos impôts en cons bontribuables, pardon, en bons contribuables, car si nous ne savons pas pourquoi, eux le savent...
Et merci de tout cœur, Mesdames et Messieurs les chefs de gouvernement, de nous guider avec tant de dévouement et d'abnégation dans la voie de la démocratie et du bien-être, où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes !
Jean-Marie Le Ray
&t;">">">">">">">">">">">" target="_blank" onclick="return fbs_click()" class="fb_share_link">Partager sur Facebook
P.S. C'est aujourd'hui que notre Guide fête ses 73 ans, bon et joyeux anniversaire, petit père du peuple. Les vœux, je les garde pour moi, mais sois sûr que je te les fais du plus profond...