Abysses, de l’écrivain allemand Frank Schätzing, est un thriller scientifique ambitieux, intelligent, détaillé, extrêmement documenté, long, prétentieux sur les bords, pas toujours subtil et pas tout à fait satisfaisant dans son ensemble.
Sorti en 2004 en Allemagne, le livre a connu un succès planétaire impressionnant, vendant plus de 3 millions d’exemplaires. Il raconte l’histoire de scientifiques à travers le monde qui découvrent en même temps différentes manifestations inhabituelles se déroulant dans les fonds marins : d’énormes vers en quantités industrielles menacent de déstabiliser l’équilibre du plancher de la mer norvégienne, des bancs de poisson de dimension hallucinante sont remarqués au Pérou, des baleines et des orques semblent se liguer pour attaquer les bateaux de touristes près de la côte ouest canadienne. Coïncidences sans conséquence ou prélude à apocalypse?
Tout au long des 1210 pages d’Abysses, Schätzing étale principes et théories scientifiques relatives aux sciences de la mer, et les explique en détail. C’est souvent très intéressant, parfois ennuyeux et laborieux. On a quelquefois l’impression que le gars regardait son nombril plutôt que l’écran lors de l’écriture. Heureusement, le suspense jouit d’un très bon build-up et c’est ce qui a sauvé le livre de l’abandon.
Autre bémol qui, cette fois-ci, m’a vraiment agacé : Schätzing a visiblement loué les films The Abyss et Contact avant de pondre son roman. Les références ne sont même pas subtiles à quelques endroits. Vous passerez peut-être outre sans problème mais moi j’ai failli décrocher.
Malgré tout, le livre comblera probablement les appétits voraces en matière de thrillers scientifiques. L’effort est colossal surtout en tenant compte qu’il a été rédigé par un écrivain qui ne vient pas de la communauté scientifique (Schätzing est un ex-publicitaire). À voir la liste des personnes remerciées à la fin, on peut se rendre compte de la somme de travail abattue en recherche et entrevues.
Mais dans le genre, je préfère encore et toujours (feu) Michael Crichton. Ses livres sont plus ramassés et mieux rythmés.