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SALLE 5 - VITRINE 1 : LE MOSCOPHORE (Première partie)

Publié le 29 septembre 2009 par Rl1948


     J'ai déjà eu ici l'occasion d'indiquer, ami lecteur, quand de conserve nous nous sommes penchés sur la vitrine 11 de la salle 4 du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre que, dans les tombes du Moyen Empire, la coutume voulait que la famille du défunt déposât des modèles réduits de la vie quotidienne ressortissant aux domaines de la navigation, de l'agriculture ou, comme dans cette vitrine 1 de la salle 5 que nous détaillons depuis maintenant le  8 septembre, de l'élevage avec, notamment, ces trois statuettes de boeufs (AF 9169) d'une dizaine de centimètres de hauteur, trouvées dans le cimetière de Deir el-Bercheh, en Haute-Egypte.  
SALLE 5 - VITRINE 1 : LE MOSCOPHORE (Première partie)
     Généralement réalisés en bois, puis peints, ces modèles ont exactement la même fonction  que les bas-reliefs et les peintures des chapelles des mastabas de l'Ancien Empire, - souvenez-vous de celles d'Akhethetep et d'Ounsou, toujours dans la salle précédente - : assurer, par la "magie de l'image", l'éternité des actions représentées pour le bénéfice du défunt qui, de la sorte, disposera toujours dans l'au-delà de tout ce que, sur terre, il possédait.      
     Pour ce qui concerne plus spécifiquement ces trois boeufs, vous me permettrez, je présume, de ne plus m'étendre aujourd'hui sur les caractéristiques des différents bovins connus sur les rives du Nil, que j'avais abondamment détaillées dans un article publié le 19 mai 2009, et de plutôt attirer votre attention sur un autre modèle, juste à côté : la statuette d'un jeune garçon nu portant un veau (E 14721).
  SALLE 5 - VITRINE 1 : LE MOSCOPHORE (Première partie)
     Représentation en ronde-bosse des bergers qui apparaissaient précédemment dans les scènes funéraires des mastabas donc, ce moscophore - c'est le terme donné par les Grecs à ce type de personnage qu'ils reprendront bien des siècles plus tard, dans leur propre thématique artistique -, d'une hauteur de 35, 5 cm pour 17, 80 cm de profondeur fut réalisé en bois de tamaris et peint de cette teinte ocre rouge que les artistes égyptiens avaient choisie par convention pour représenter la peau masculine, l'ocre jaune étant, comme j'avais déjà eu l'opportunité de le mentionner dans cet ancien article de la rubrique "Décodage de l'image" consacré à la peinture, plus spécifiquement réservée aux femmes.
     Pour seul "vêtement", le garçonnet auquel l'extrême jeunesse autorise la nudité, porte, comme d'ailleurs tous ceux qui à l'époque conduisaient des troupeaux de bovidés, une perruque : celle-ci est noire, lui couvre la nuque et les oreilles, et se caractérise par une frange sur le front, qui s'arrête légèrement au-dessus des sourcils.
     Il tient ensemble, de ses deux mains réunies sur la poitrine, les quatre pattes du petit veau gracieusement lové autour de ses épaules. Parfois, la pose diffère : l'animal est plutôt porté sur le dos, ses pattes antérieures seules passant de part et d'autre du cou du jeune moscophore. Parfois aussi, c'est une frêle gazelle, un chevreau, un faon qui sont ainsi favorisés ... 
     Depuis que nous déambulons de salle en salle, il ne fait plus de doute pour personne que fut extrêmement importante la part prise par la gent animale dans l'Egypte antique. Créatures divines à l'instar  de tout être humain,  - selon certains mythes cosmogoniques, ce serait le dieu potier Khnoum qui aurait façonné sur son tour à la fois et l'homme et la bête -, les animaux ont toujours eu la faveur des Egyptiens, à quelques exceptions près. Il suffit d'ailleurs de rappeler une nouvelle fois la quantité relativement grande de signes hiéroglyphiques (près de 25 % du corpus total) ressortissant au domaine du règne animal que détient leur écriture.
     L'art, qu'il soit gravure, dessin, peinture ou sculpture, et quelle que soit l'époque, ne fut évidemment pas en reste, qui nous donna tant à contempler la faune des rives du Nil et des déserts, sauvage ou domestiquée. Quant à la littérature, elle participa évidemment à cette exaltation générale : ne lit-on  pas, dans un texte célèbre connu sous le nom de "Enseignement de Merikârê", cette bien amicale dénomination pour caractériser les êtres humains : "petit bétail du dieu" ?
     Bref, toute cette sollicitude prend encore une connotation supplémentaire de tendresse quand il s'agit de très jeunes bêtes. Et la statuette de cet adolescent portant le fragile animal nous le confirme parfaitement : à l'encontre des troupeaux de tous les autres membres du cheptel, les petits veaux n'étaient jamais reliés entre eux lors des déplacements, mais emportés dans les bras des bergers.
     La magnanimité bien compréhensible de semblable attitude cèle pourtant une réalité quotidienne tout autre : "veaux, vaches, cochons, couvée" ... étaient un jour ou l'autre conduits à la boucherie, à l'abattoir dirions-nous actuellement, pour être inévitablement sacrifiés sur l'autel des besoins alimentaires ou celui, moins admissible aux yeux de beaucoup d'entre nous, des rites religieux.
     Et c'est précisément de cet aspect des choses, pas toujours agréable, que je voudrais vous entretenir, ami lecteur, ici même, mardi prochain 6 octobre.  
(Malaise : 1977, 28)    


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