La secrétaire d’Etat chargée de la famille, Nadine Morano, souhaite expérimenter un nouveau dispositif envers les conjoints violents. Ceux-ci seraient équipés d’un bracelet électronique relié à un centre de contrôle par GPS, qui permettrait à la victime d’être alertée de l’approche de son ex-conjoint.
Au passage, profitons en pour étudier les statistiques 2008 de la violence dans le couple produites par le ministère de l’intérieur.
184 personnes sont décédées en 2008 du fait du conjoint ou de l’ex conjoint :
- 156 femmes (1 tous les 2.5 jours) : 84.4 % des cas (dans 1 cas la femme était violente)
- 27 hommes (1 tous les 14 jours). Sur ces 27 hommes, 11 étaient coupables de violences antérieures envers leur conjointe. Dans 2 cas, c’est la femme qui était violente.
Il y a un cas de violence dans un couple lesbien ; les autres étant des couples hétéros.
Pourquoi faire une étude par sexe ? Parce que “84.4 %”.
Lorsqu’on constate que les victimes dans la sphère familiale sont à 84.4 % des femmes, il convient de comprendre pourquoi ; donc de faire une étude sous l’angle du genre et de comprendre pourquoi des hommes, parce qu’ils sont en instance de divorce, parce qu’ils sont sous l’emprise de l’alcool tuent leur conjointe et non pas le voisin, le patron, le collègue.
Constatons au passage que l’arme la plus utilisée pour tuer est l’arme blanche qui ne nécessite aucune force particulière. Il n’est donc pas question ici de plus grande force physique.
Caractéristiques des homicides :
- non prémédités
- prééminence de couples mariés
- utilisation d’une arme blanche
- les meurtrières tuent davantage après une dispute, les hommes parce qu’il y a séparation.
- dans 70 cas, il y avait des violences antérieures
- dans 10 affaires, il y avait eu des condamnations pour des violences antérieures
- l’alcool présents dans 30% des cas (surtout consommés par les hommes meurtriers).
Professions :
- meurtriers : 59 % étaient inactifs ; 25% à la retraite, 30% sans emploi, 3.7% en maladie invalidité
- victimes : 65 % étaient inactifs ; 26% à la retraite, 37% sans emploi, 1.6% en maladie invalidité
Dans le cas où ils travaillaient, 30 étaient employés, 15 cadres, 12 ouvriers
- l’âge où l’on passe le plus à l’acte se situe entre 41 et 50 ans
- 32% des auteurs se sont suicidés ou ont tenté.(surtout des hommes)
Particularités :
- Dans 13 homicides la victime était victime d’Alzheimer. Dans ces 13 cas 9 auteurs se sont suicidés et 3 ont tenté de le faire.
- dans 8 cas, le rapport parle d’ “euthanasie”. Il est précisé que l’on ne peut néanmoins en être sûr devant l’absence de preuve de consentement.
- 32 auteurs et 28 victimes avaient plus de 70 ans ; 10 auteurs et 10 victimes avaient plus de 80 ans.
Ces cas, me semble-t-il, peuvent être étudiés un peu séparément. On peut aussi mettre en avant la difficulté à vivre avec une personne atteinte d’Alzheimer ou en fin de vie. Les femmes seraient plus atteintes par cette pathologie ce qui aurait pu expliquer le plus grand nombre de femmes atteintes de cette maladie et tuées ; mais il n’y a pas corrélation entre le nombre de femmes atteintes d’Alzheimer et le nombre de femmes tuées atteintes d’Alzheimer.
Pour autant, un meilleur accompagnement pour les conjoints partageant la vie d’un “Alzheimer” ou d’une personne en fin de vie, permettrait sans doute d’éviter ces drames, qui, me semblent-ils ne peuvent être mis au même plan que le autres décès.
Extrait de l’étude.
“L’auteur masculin est marié, de nationalité française, entre 41 et 50 ans, sans
emploi et vivant plutôt en zone urbaine. Il commet son acte plutôt en période
estivale, sans préméditation, avec une arme blanche. Sa principale motivation est la
non-acceptation de la séparation.
L’auteur féminin est marié, de nationalité française, entre 41 et 50 ans, sans
emploi et vivant plutôt en zone urbaine. Elle commet son acte sans préméditation,
avec une arme blanche. Les principales causes de son passage à l’acte sont la dispute et les violences exercées sur elle par sa victime“.