L’Eglise de Mouchan : visite et histoire.

Publié le 28 septembre 2009 par Wawaa

Début Juillet 2009, en allant de Vic Fezensac vers Condom je m’étais arrêté au bord de la route, à Mouchan, en apercevant une superbe croix en fer forgée. J’en ai donc pris quelques photos et en me retournant, j’avais pu admirer le panorama sur le village de Mouchan duquel surgissait une magnifique église romane fortifiée. Ni une ni deux, me fichant de l’heure qu’il était, j’ai filé droit vers l’édifice pour éventuellement le visiter.


Je découvre donc l’église et le village seule pour commencer. Des bâtiments tout en pierres et fleuris entouraient l’église. J’ai particulièrement apprécié ce grand clocher carré et sa belle abside.



Arrivée presque à l’entrée de l’église pour voir si je pouvais y pénétrer, une jeune fille m’accoste. « Vous pouvez entrer visiter si vous voulez ! ». Avec plaisir. J’entre donc et commence à visiter. Je trouve les vitraux jolis et une grande porte m’intrigue.


Quand soudain, et je pense que ça lui brûlait les lèvres mais qu’elle n’osait pas me le demander, elle dit doucement quelque chose que je ne comprends pas. Je la fais répéter, lui disant pour la détendre que parfois je suis dure de l’oreille. « Si vous voulez, pour 3 euros, je peux vous faire une visite guidée ». Je dis d’accord. On revient à l’entrée, elle me donne un ticket de visite et me précise que ça lui fait plaisir parce qu’elle ne connait pas encore bien son texte et que ça va lui permettre de se faire la main ! J’en suis ravie. La jeune fille, âgée d’à peine 18 ans, me semble-t-il m’emmène à l’extérieur une petite fiche cartonnée jaune à petits carreaux à la main.


Elle bafouille un peu. Elle veut s’appliquer, elle est touchante et a l’air tellement contente d’avoir un visiteur que je l’écoute avec grande attention. J’ai ainsi appris beaucoup de choses sur la petite église.


Dès l’Antiquité, les lieux étaient habités et même dès la préhistoire ! On a retrouvé sur place les traces d’une villa romaine qui appartenait à un certain Muscius  (j’y reviendrai dans un article à caractère onomastique) mais également des souvenirs préhistoriques.


Edifiée au XI e siècle par des moines bénédictins, elle dépend, dès 1089, du prieuré clunisien de Saint-Orens  d'Auch car elle est directement sur le chemin de Compostelle (appelé la via Podensis). On décide alors de la reconstruire pour qu’elle puisse accueillir comme il se doit les moines et un grand nombre de pèlerins. Cette transformation engendre également la transformation du village qui se fortifie de murailles et de fossés.


La guerre de Cent ans prend place. Le village se fortifie un peu plus, ajoutant à ses défenses des tours de guets, des remparts, des tours ponts, pour résister à l’ennemi. Mais le passage du Prince Noir (Edward Plantagenet) sera dévastateur pour le village de même qu’en 1569, les troupes de Montgomery détruisent le prieuré, le clocher et l’église.


Au XIX e siècle, même si Mouchan n’est plus sur la route de Compostelle en raison de la construction du Pont d’Artigue, l’église est restaurée. On remarque d’ailleurs très bien, en observant les murs, les différences de pierres et les limites de reconstructions.


Après un petit aperçu historique, nous avons continué la visite à l’extérieur pour arriver devant ce qui constituait l’entrée originelle de l’église : murée, probablement par sécurité, elle est magnifiquement constituée de trois arcs. La jeune guide m’a fait remarquer le squelette d’une petite porte carrée dans le mur. M’expliquant que le terrain à l’extérieur avait du remonter… même si à l’époque les gens était plus petit, il est certain que la terre avait englouti un peu du mur, puisque pour entrer dans l’église, on doit descendre des marches.


Nous nous sommes attardées ensuite sur les modillons, qui sont des éléments architecturaux destinés à soutenir une corniche et qui sont sculptés contrairement aux corbeaux et très présent dans l’architecture romane.


La demoiselle, prend un petit sourire sur le coin des lèvres. Elle me fait remarquer que certains d’entre eux ont une thématique érotique. Notamment avec celui qui représente l’intimité d’une dame, un autre qui représente un couple enlacé et un troisième qui met en scène un homme se donnant lui-même du plaisir. On a encore jamais trouvé la véritable symbolique et le but de ces représentations. Peut être est-ce pour montrer qu’à l’extérieur de l’église tout n’est que péché ?  J’en doute. Il y a peut être bien une volonté éducative, après tout, cela fait partie des choses de la vie.



Nous voici devant l’abside et sa magnifique fenêtre arquée et son vitrail. Sur les côtés, deux colonnettes enlacées d’un serpent avec par-dessus deux chapiteaux représentant le feuillage et une corniche à billette.


La jeune fille me fait remarquer qu’on trouve sur les murs de cette abside et sur celui de l’absidiole, des marques de tacherons. Ce sont des signes géométriques qui étaient particuliers à chaque tailleur de pierre. Ils signaient la pierre de cette marque pour déterminer la quantité de travail qu’il avait abattu et recevoir en fonction de cela, son salaire.


Comme on n’en a pas trouvé dans les pierres de la tour, il parait évident que l’église avait été construite après la tour, tout autour. Cette tour carrée daterait de la fin du XI e siècle donc un peu avant la construction de l’église, évidemment, elle devint bien plus tard son clocher, mais elle avait à la base un rôle défensif comme toute belle tour carrée fortifiée qui se respecte.


Nous sommes alors rerentrées dans l’église, pour la visite rapide de l’intérieur. L’église est en forme de croix grecque. Nous nous sommes dirigées vers une statue gisant sur le mur du fond. Il s’agissait de Saint Austregisille, dit aussi Saint Austrégésile et également nommé Saint Austrille, qui est le saint patron de l’église et invoqué contre les maladies nerveuses. Il est également représenté sur l’un des vitraux.


Concernant , le reste de l’église, je ne me souviens plus de ce qui m’a été raconté, il me semble que c’était beaucoup de précisions architecturales, notamment concernant la voûte en berceau refaite en briques de plâtre en 1843, les chapiteaux sculptés et les angelots qui servaient à soutenir des statues.



En repartant vers la porte d’entrée, j’ai découvert des morceaux de fresques sur un bout du bâtiment relié à la tour.




Une visite très agréable donc, avec une guide très soucieuse de bien faire son travail ! Je suis sûre qu’à la fin de l’été elle devait maitriser parfaitement son texte ! De toutes manières je m’en fichais qu’elle lise ou non une fiche, l’important c’est qu’elle y mettait du cœur ! Si elle passe par hasard par ici, je la remercie de son énergie, sa gentillesse et sa gaieté !