Roman Polanski a été arrêté à Zurich samedi 26 septembre au soir alors qu'il se rendait à un festival de cinéma en tant qu'invité. Il devait recevoir un prix pour l'ensemble de son oeuvre.
La police suisse l'a arrêté sur mandat d'arrêt international des États-Unis, qui le considèrent toujours comme un fugitif, après 31 ans. Il est en instance d'extradition vers ce pays.
Il s'agit d'une vieille histoire pleine de rebondissements, et qui débute en 1978, date à laquelle Roman Polanski est arrêté aux États-Unis pour avoir eu des relations sexuelles avec une jeune fille de 13 ans, mineure donc, du nom de Samantha Gailey, devenue plus tard Samantha Geimer.
Accusation grave bien évidemment, mais qui se révèle au fil du temps plus que douteuse. Ne niant pas le fait qu'il ait eu des relations sexuelles avec la jeune fille - qui soit-dit en passant souhaite désormais que cette affaire soit classée - il nie par contre l'avoir violée. À l'époque, celle-ci avait en effet déclaré qu'il lui aurait fait boire du champagne et droguée pour la violer. Roman Polanski risque ainsi jusqu'à 20 ans de prison.
Agé de 76 ans, il pourrait donc désormais de finir sa vie en prison.
Or, dans cette histoire, il apparaît que le juge en charge de l'affaire à Los Angeles, qui est mort depuis, en voulait personnellement à Roman Polanski, et qu'il aurait bien aimé accroché une vedette à son tableau de chasse, ce qui fait toujours bien dans un pedigree. Devant un tel manque d'éthique professionnel, le cinéaste aurait alors décidé de fuir les États-Unis, qu'il n'a depuis jamais revisité, malgré une brillante carrière cinématographique. Il a en effet reçu 3 Oscars à Hollywood pour son film "Le Pianiste" en 2002 (Palme d'Or à Cannes et 7 Césars), mais ne s'est jamais rendu à la cérémonie à Los Angeles pour les recevoir.
Ce qui est étonnant avec cette affaire, c'est d'une part qu'il est déjà allé plusieurs fois en Suisse, sans jamais être inquiété. Peut-être faut-il y voir un contrecoup, une sorte de dommage collatéral, des mauvaises relations entre la Suisse et les États-Unis en ce qui concerne les fraudes fiscales. On peut ne pas voir le rapport, mais il est possible que les autorités helvètes aient pensé bien faire en donnant des gages aux États-Unis.
D'autre part, cette histoire remonte à plus de 30 ans, n'y a-t-il pas prescription ? Non, ni aux États-Unis, ni en Suisse. Même si je ne cautionne pas ce qu'il a fait, Samantha Geimer a pardonné depuis, et vit très bien actuellement. Il n'y a pas eu meurtre, ni crime contre l'humanité, ni massacres impardonnables tout de même !
Les États-Unis tentent souvent de passer pour un pays de droit, "libre". Ils oublient plutôt facilement d'autres crimes odieux commis un peu partout dans le monde, souvent commis avec leur assentiment d'ailleurs ; la liste est longue, mais on peut citer de nombreux coups d'état : Chili et pratiquement tous les pays d'Amérique du Sud, Asie du Sud-Est (Indonésie) etc... Là, peu ou pas de mandats d'arrêt internationaux...
Enfin, au vu du peu de consistance des accusations, entâchées d'irrégularités de la part des autorités judiciaires de Los Angeles, les États-Unis priveraient le monde d'un de ses plus grands cinéastes, un véritable gâchis.
Je demande donc aux suisse de libérer Roman Polanski !