Chronique du lundi 28 septembre 2009.
Après 8 journées de Top14, il est déjà possible de tirer un premier bilan d’ensemble de ce début de saison 2009-2010 et ce n’est pas brillant. C’est même catastrophique quand on se réfère au niveau de jeu montré pour l’instant. Tentative d’explications.
Une préparation physique trop physique.
J’ai beau chercher, il me parait difficile de trouver un match référence ou une équipe qui m’ait enthousiasmé par son niveau de jeu. C’est vrai que les 15 premières minutes de Perpignan, ce week-end, étaient belles mais c’est surtout la défense, du niveau d’une équipe de 3ième série, qui a permis aux Catalans de dérouler un si beau rugby. Et de toute façon, 15 minutes sur 8 fois 7 matchs depuis le début de la saison, c’est largement insuffisant pour que le rugby français puisse s’en contenter. Il y a un réel problème de niveau de jeu en ce début de saison.
La première explication qui me vient à l’esprit est liée à la préparation des équipes pendant l’intersaison. Celle-ci a été officiellement de 6 semaines entre le tout début juillet et le 15 août, date du premier match. C’est mieux que la saison précédente mais cela reste court pour avoir le temps de préparer les joueurs aussi bien physiquement que techniquement et tactiquement. Il semblerait donc que l’ensemble des entraîneurs aient insisté sur la dimension physique et aient préféré préparer avant tout des guerriers plutôt que des joueurs de rugby. Le match Brive – Clermont est, pour moi, l’exemple type de ce qui s’est passé jusque-là. 2 équipes qui s’affrontent avec un engagement physique total, avec une telle intensité dans les chocs que les joueurs n’ont même plus la capacité de conserver le ballon à l’impact et ne cherchent plus à passer la balle, de peur de se faire découper au moment où leur corps n’est plus en position de force.La seule dimension technique et tactique maîtrisée par les 2 équipes, c’est au niveau de la défense et de la conquête. C’est peu pour ne pas dire pauvre.
La fluidité dans les passes et le timing dans les courses semblent quasiment absents des terrains du Top14 en ce début de saison. A ce point, ça en est vraiment inquiétant… mais logique si vous vous rappelez ma chronique sur le bilan des matchs internationaux de l’été et la domination actuelle de l’Afrique du Sud, une équipe qui cherche seulement à imposer sa force physique et qui se contente de marquer sur les ballons récupérés par la pression exercée par sa défense. C’est techniquement et tactiquement pauvre mais ça marche. Alors pourquoi ne pas appliquer une tactique qui marche au plus haut niveau du rugby ?
Est ce que cela va durer toute la saison ?
C’est vrai que la question mérite d’être posée alors que se profilent successivement la saison des champignons, les fêtes de Noël, la saison de ski puis celle des week-ends prolongés, soit autant de raison de faire autre chose que d’aller voir des matchs de rugby de piètre qualité.
La plupart des entraîneurs font le pari que le jeu d’attaque se met progressivement en place avec la compétition. Ce n’est pas faux à condition que les victoires soient au rendez-vous. Parce que, sinon, c’est retour aux entraînements sur la défense et la conquête pour se rassurer. Difficile alors de progresser véritablement. Et ce sera d’autant plus compliqué de progresser pendant le reste que la saison que l’on est en train de terminer la plus longue série de matchs de Top14 enchaînés. Ensuite, c’est la Coupe d’Europe, ce qui veut déjà dire pour 8 clubs, au moins, la possibilité de faire rugbystiquement souffler les joueurs cadres et leur imposer une nouvelle dose de physique, des fois qu’il n’y en ait pas eu assez. Après ce sera les matchs internationaux de novembre. Puis retour à la Coupe d’Europe, le Tournoi,… Ce qui veut dire que chacune de ces coupures est préjudiciable au niveau de jeu de l’équipe. Tout le monde n’est pas Toulouse et n’a pas la moitié de l’équipe qui disparaît au moindre match international mais le problème est le même.
C’est avec la succession des matchs que le jeu de l’équipe monte en puissance, que les automatismes se construisent et la vitesse dans les transmissions et les courses permet de créer le danger dans les défenses. Le niveau de jeu, et notamment du jeu d’attaque, est meilleur après 8 matchs qu’il ne l’était le 15 août, lors de la première journée. Et il aurait été encore meilleur dans les prochaines semaines si les différentes coupures ne venaient pas arrêter la progression des équipes à ce niveau-là. Mais ça, dans le rugby français, ce n’est pas possible. La construction du calendrier est à ce niveau-là dramatique car elle ne donne pas la possibilité aux entraîneurs de construire complètement leur équipe : l’intersaison est trop courte car elle permet juste de préparer le physique et les bases que sont la défense et la conquête. La saison de Top14 est tellement hachée qu’il n’est jamais possible d’arriver à un jeu abouti, construit dans la progression de la performance…
Une bonne nouvelle quand même.
La bonne nouvelle pour le rugby français, c’est en Coupe d’Europe que l’on devrait l’avoir. Avec une densité physique renforcée et un niveau correct en défense et en conquête, les clubs français devraient, cette année, être capable de bien figurer face aux provinces écossaises et irlandaises, aux franchises galloises et aux équipes anglaises. A condition, bien sûr, de ne pas offrir des points aux buteurs adverses par de trop nombreuses fautes. Et ça encore, ça parait loin d’être évident au vu des premiers matchs. Parce que, apparemment, entre 2 séances physiques il n’y avait pas le temps, cet été, pour rappeler les règles…