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Contes de l'ordi sacré : Gudule au centre de la terre 13

Publié le 28 septembre 2009 par Porky

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EPISODE 13 : Où le cyclope Polystyrène  Polyphème (contamination de la femme maigre) en fait voir de toutes les couleurs au baquet magique et où Jo la Fine ne se montre pas vraiment à la hauteur de sa prétendue réputation. 

« On utilisera le pouvoir des M si on le veut, misérable trois-yeux ! rétorqua la Belle Monogramme, outrée qu'un cyclope ose contrecarrer ses projets. C'est pas toi qui commandes nos actions ! » « Et toi non plus, intervint Myxomatose. Je te rappelle que tu es sous le contrôle de mon alter ego bien aimé. » « Bien aimé ! Ce qu'il ne faut pas entendre ! » ironisa la Princesse qui sentit tout à coup d'insupportables démangeaisons sur le cuir chevelu et se mit à se gratter comme une insensée. « Mono chérie, arrête, s'écria le Prince Logarithme. Tu vas exterminer l'ordonnance de ton brushing. » Mais le conseil resta lettres mortes, parce que l'auteur, que ce personnage de Princesse à la noix continuait d'énerver, avait décidé de la punir de son outrecuidance. Adonc, elle s'arracha la peau du crâne et on passe à autre chose.

 La femme maigre restait dubitative : prononçait-elle les bonnes formules ? Le baquet restait parfaitement indifférent à ses psalmodies, alors qu'il aurait dû sauter comme un cabri et finir par coiffer l'abominable cyclope. D'ailleurs, ce dernier avait décidé de passer à l'action : il jeta donc un bon coup de pied à l'instrument magique, lequel s'envola prestement et alla atterrir non loin du Masque de fer qui poussa un barrissement d'effroi. « Non, mais ça pas ? s'écria-t-il. Un centimètre à droite et j'y passais ! » « C'était bien mon intention, de t'y faire passer, comme tu dis ! répliqua le cyclope. Et maintenant que je me suis débarrassé de cette chose inutile, je vais désencombrer les couloirs de votre inutile présence. » « N'avance pas, Polystyrène ! menaça la femme maigre. J'ai une autre arme en réserve ! » « Polyphème, nom d'un chien ! hurla le cyclope. Ca ne te ferait rien de t'en souvenir, atrophiée du bulbe ? » Et il s'avança vers le baquet et lui fit subir un certain nombre d'outrages que nous ne développerons pas ici.

Myxomatose, sentant souffler le vent de la défaite, se tourna vers le caribou magique. « Vous ne pourriez pas intervenir, par hasard ? Faire quelque chose, je ne sais pas quoi, mais le transformer en nain ou en citrouille, ou en rat... » « Mes pouvoirs sont inefficaces sur lui, répondit le caribou magique. Seuls le baquet et la planche à laver peuvent le vaincre. » « Et ben, on est dans de beaux draps ! » se lamenta Myxomatose, prêt à pleurer.

La femme maigre avait cependant de la ressource : s'étant penchée, elle avait saisi sa planche à laver et la brandissait sous les triples yeux du cyclope, goguenard. « Que cette planche soit mon salut et celui de mes compagnons ! » dit-elle. Et elle psalmodia à nouveau. La planche lui échappa des mains, partit en courant en direction du cyclope, s'aplatit sur sa figure et se mit à le cogner sans ménagement. Des gémissements lamentables emplirent tout à coup le couloir. La planche frappait, le cyclope beuglait et tout le monde applaudissait, y compris la Princesse Monogramme à qui, dans un mouvement de générosité inouïe, l'auteur avait enlevé ses démangeaisons.

La planche ne s'arrêta de cogner que lorsque le monstre fut à terre, proprement assommé. « O, ma bonne planche, sois bénie ! » s'écria la SFM en ramassant son instrument. Et tout le monde se lança dans un étourdissant panégyrique de la planche à laver. « Maintenant que la route est libre, continuons notre chemin, dit le caribou magique. Je pense que nous devrions bientôt mettre la main sur Gudule. Je sens sa présence pas loin. » Ce qu'il évita de dire, c'est qu'il sentait aussi celle de son frère et surtout, il détectait l'aura de l'abominable Jo la Fine qu'il allait falloir affronter. Mais il était trop prudent pour déclencher des crises d'angoisse hystériques.

On ramassa baquet et planche, on les remit entre les mains du Masque de fer qui contemplait la femme maigre avec une visible adoration, puis, sans un regard au cyclope étendu raide par terre, on poursuivit son périple.

Pendant ce temps, le caribou fou et Jo la Fine cheminaient eux aussi dans ce labyrinthe de couloirs. Comme ils n'allaient pas vraiment à la même vitesse, le caribou fou était toujours obligé d'attendre sa compagne, laquelle soufflait et suait de toutes ses petites jambes pour essayer de ne pas se faire semer. Ce jeu amusa un moment notre redoutable animal, puis finit par l'énerver. Aussi eut-il recours à un expédient peu recommandable pour accélérer le mouvement. Un bon coup de patte au derrière propulsa plusieurs fois Jo la Fine loin devant et pendant qu'elle se ramassait, le caribou fou avait le temps de la rejoindre sans trop se presser.

Au quatrième coup de pattes, Jo la Fine se reçut sur les fesses en poussant un hurlement. « Ca y est ! pensa le caribou fou. Elle s'est cassé quelque chose, cette tordue. Il faut peut-être que je réduise la force de la propulsion. » Mais lorsqu'il parvint près d'elle, il s'aperçut que Jo la Fine était absolument entière, debout sur ses jambes mais qu'elle tordait frénétiquement ses bras dodus. « Malheur sur moi ! s'exclama-t-elle. Nous avons oublié de prendre l'essentiel ! » « Nous ? répéta le caribou fou. Tu as oublié, nuance ! Et quoi ? » « L'escabeau, pardi. Sans l'escabeau, je ne vois rien, je ne suis rien, je ne peux pas combattre ! » Le caribou fou réfléchit un instant (un tout petit instant) : « Tu sais ce que je devrais te faire, mini saucisse mais grande connasse ? Danser sur ton ventre et t'écraser ! » « Si tu fais ça, tu ne vaincras jamais tes ennemis », plaida Jo la Fine et cet argument suspendit les claques qui étaient dans l'air. « Retourne le chercher, ordonna le caribou fou. Moi, je t'attends ici. » « Je ne peux pas le porter, il est trop lourd », plaida une fois encore Jo la Fine mais un geste de son compagnon la dissuada de poursuivre sur cette voie. « Bon, d'accord, dit-elle, résignée. J'y vais. Je le traînerais comme je pourrais... » Et un nouveau coup de pied bien placé lui fit prendre quelques mètres d'avance.

(Pauvre caribou fou ! Dans le genre aide inutile, Jo la Fine semble se poser un peu là ! Ces deux crétins arriveront-ils à rejoindre Gudule avant la Marsupilania's band ? D'ailleurs, si nos amis ont réussi à vaincre le Cyclope, ne vont-ils pas affronter d'autres ennemis ? Ce centre de la terre parait rempli de créatures bizarres... D'ici à ce qu'il y en ait encore une qui surgisse de derrière les fagots !... Pour le savoir, on attend la suite, qui ne saurait tarder, c'est évident...)


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