Willi Dorner est un chorégraphe autrichien de génie : il empile les corps, les enchevêtre comme personne..Il maitrise l’art de la mise en scène et explore le rapport de l’espace, de l’architecture et du corps. Son modus operandi est toujours le même : ses victimes sont des étudiants en danse et en archi, les espaces architecturaux choisis sont exigus, l’empilement est millimétré.
Willi Dorner : “Je voulais remplir les espaces avec des corps. C’était ça l’idée de départ. Parce que le corps c’est notre unité de mesure par rapport à l’espace. C’est comme ça que les bébés l’appréhendent dès qu’ils commencent à ramper : ils cherchent combien de pas ils doivent faire, ils voient si leur tête peut passer entre la chaise et le divan. Remplir les interstices c’était une manière de remesurer l’architecture, par exemple combien de personnes peuvent remplir l’espace d’une porte ?”
Ce projet, du doux nom de “BODY IN URBAN SPACES” amuse et interroge les passants. Willi Dorner aime raconter que : “Devant ces grappes humaines, le mélange des réactions est amusant. Certains rient, d’autres secouent la tête“.
Plus que le travail du chorégraphe, je suis conquis par celui de la photographe Lisa Rastl, qui sublime les contrastes et les couleurs donnant encore plus de relief au génie de Dorner.
Mon regard aime se perdre dans ses clichés amusants et pourtant révélateurs de notre société vouant un culte à la place, tant physique et psychique qu’existantielle. Quelle place nous laissons-nous pour exister ? Quelle place puis-je espérer atteindre ? …
Je vous laisse au passage, regarder les photos prise lors de son invasion parisienne
Une pause video, avec en prime une bande son envoutante par BT :
J’y vois un parallèle avec le travail fait par Denis Darzacq, une maitrise inégalée du corps dans l’espace, une scénographie parfaite…