Phnom Penh, Cambodge.
On atteint Phnom Penh dans un bus confortable, sans problème et dans les temps. Indidiana Jones est quasiment déçue, elle se demande « où est l’aventure? ».
Elle est un peu à la descente du bus dans une nouvelle ville lorsqu’une armée de chauffeurs de moto et de tuk-tuk nous sautent dessus.
« C’est toujours comme ça quand vous débarquez dans une ville ? ».
Presque. C’est l’Asie. Mais on s’habitue. Il suffit de savoir si un transport est nécessaire et d’avoir une idée du prix avant de s’y lancer et ça finit toujours bien.
On débarque au Okay Guesthouse. Pas de mérite, c’est connu et c’est définitivement le rendez-vous des backpackers de tous les âges. Ma mère se tape le gros cheeseburger avec frites, l’estomac aussi jeune que le cœur. La réserve de calories faite, on sort visiter.
Il ne faut pas voyager l’Asie du Sud-Est pour la beauté des villes, sinon on se retrouve rapidement déçu. Par contre, Phnom Penh sort du lot des villes que j’ai vues jusqu’à maintenant et vient accoter Hanoi (Vietnam) au petit palmarès des grandes villes les plus agréables d’Asie du Sud-Est.
La capitale cambodgienne est définie autour d’un lac central et le long du Tonle Sap qui se jette dans le Mékong. Quelques grandes avenues assurent la circulation d’un point à l’autre de l’agglomération facilitant l’orientation parmi les parcs, les temples magnifiques, les familles, les marchés grouillants, les déchets et le trafic bordélique.
Ma mère s’adapte difficilement à la traversée aux tendances suicidaires des ruelles et des grandes artères. Elle s’agrippe avec force aux bras de Nad et Will les bourlingueurs qui ont compris que le truc dans tout ça, c’est tout simplement de foncer et de marcher à rythme constant d’un côté à l’autre de la rue. Sans stress apparent, comme par magie, la circulation nous évite sans toutefois ralentir. À moins qu’il s’agisse d’un tuk-tuk, qui lui, risquera sa vie et celles de plusieurs autres pour faire demi tour en plein trafic sans regarder ses angles morts, en roulant un sens inverse jusqu’à temps de trouver sa place dans la bonne voie pour ensuite, couper deux personnes dans le seul but de nous approcher et d’essayer de faire un petit retrait dans leurs ATMs favoris.
Malheureusement pour tous ces chauffeurs, nous préférons marcher et avions déjà réservés les services de l’homme qui nous a conduit jusqu’à l’hôtel à prix modique en nous demandant honnêtement de lui donner du travail le lendemain. Assez juste, j’aime bien.
Nous embarquons avec lui pour toute la journée afin de visiter les deux sites historiques à ne pas manquer lors d’un voyage au Cambodge, hormis les temples d’Angkor : les champs d’exécutions et la prison S-21 du régime de Pol Pot.
On paye notre entrée en dollars US comme si on voulait symboliquement donner chacun notre tour une taloche aux hommes derrière ce massacre qui avait pour but d’implanter le communiste (par la purification de la civilisation urbaine et la rééducation rurale des survivants).
Dans les « Killing Fields », une stupa a été érigée à la mémoire des gens exécutés par les Khmers Rouges. Elle doit être la millième que l’on voit depuis notre arrivé en Asie mais, est certainement la plus marquante car ses façades vitrées laisse voir les crânes humains qui la remplissent. Autour, dans les champs, les fosses où l’on garrochait les cadavres sont toujours là et l’on a bien pris soin de laisser quelques ossements dans des bacs vitrés et d’anciens vêtements un peu partout sur le site. Il y a également un arbre plus gros que les autres et à première vue, c’est le serpent qui s’y accroche qui pourrait écoeurer (ma mère), mais c’est pire. Cet arbre servait de chose dur pour recevoir les têtes des enfants qu’on swingnait en les tenant par les pieds. Bref, dans le monde noir des Khmers Rouges, l’arbre était un économiseur de munition, au même titre que le pieu, le marteau et le bambou.
La visite continue dans une école transformée à l’époque en prison pour les cas « problématiques ». La prison S-21 est aujourd’hui appelée le musée du génocide. Le silence est demandé bien que personne n’a envie de parler. À l’intérieur des anciennes salles de détention et de tortures, sont affichées toutes les photos de chacun des prisonniers passés par-là. Les regards souvent tristes, parfois fiers, mais surtout apeurés des hommes, des femmes et des enfants sont immortalisés par l’objectif. Les yeux dans les yeux, l’étalement de photos est interminable. La salle suivante est consacrée aux techniques de torture réalistement illustrées par un des rares survivants de la prison…
Il n’y a rien à comprendre.
[Longs points de suspension.]
Didi n’a pas terminée la visite. C’est la tête basse que nous la rejoignons un peu plus tard. Le 5 à 7 des explorateurs ne sera pas aussi joyeux que d’habitude.
Phnom Penh, bien que prenante en émotion, est une belle escale lors d’un périple en Asie du Sud-Est.
Et il y a du beau shopping, en passant.
Pour ma mère, c’est déjà la fin, la poche de hockey est pleine. C’était donc le dernier épisode de la série « Didi en Asie ». J’espère que la principale intéressée a aimé et que vous, chers lecteurs, serez prêts pour la suite : le Laos.
-Will.