Quand on se lance dans un film en stop-motion, mieux vaut être sûr de son coup : Adam Elliott a mis 5 ans à réaliser Mary and Max. Mais le jeu en valait-il la chandelle ?
Mary and Max, c’est l’histoire d’une relation épistolaire entre deux marginaux, chacun à leur manière. Mary est une petite fille australienne de 8 ans au physique ingrat, Max un New-yorkais obèse et sociopathe d’une quarantaine d’années. La première n’a pas d’ami mais une mère alcoolique qui vole dans les supermarchés, et le second possède tout au plus un compagnon imaginaire et une voisine grabataire.
Partant ce constat, le réalisateur nous invite à… assister à leur échange de missives, lues laborieusement à haute voix (off), 1h30 durant. Adam Elliott nous l’avoue lui-même : “Tous mes amis m’avaient prévenu : la voix off sur tout un long métrage ça ne peut pas marcher !”. Mais lui s’est obstiné, voulant leur prouver qu’ils avaient tort.
Et, de fait, le film est un flamboyant exemple d’échec formel. La première moitié ne décolle pas un instant, et les enjeux dramatiques sont inexistants, car écrasés par cette narration à la linéarité sidérante. Résultat : on s’emmerderait ferme, si la constante ironie du cinéaste et son humour mordant ne venaient taquiner notre attention.
L’esthétique, pourtant réussie, est elle largement piquée à Tim Burton, quand les personnages et leur mode de présentation semblent eux très inspirés de l’univers de Jean-Pierre Jeunet. Ajoutez à cela un thème musical qui, bien qu’efficace, sonne dès les premières secondes du film comme une horripilante injonction au spectateur de s’investir émotionnellement dans celui-ci, et le tableau final tire un peu la gueule.
Dommage, parce qu’Elliott arrive à nous faire -beaucoup- rire sur un quotidien parfois grave et déprimant, et ce de façon assez sensible : à coup sûr, on se racontera les meilleurs blagues à la sortie. Mais voilà, de bonnes idées mises bout-à-bout ne font pas forcément un bon film.
Il faut ici rappeler que Mary and Max est une production sponsorisée par voyages-sncf.com : comme pour le site, on aimerait que cela fonctionne car on y trouve plein de bonnes idées… mais quand celui-ci (se) plante, ça fout d’autant plus en pétard que l’on tombe de haut.
“Ce film n’est pas Shrek, ce n’est pas Nemo, et encore moins Wallace & Gromit“, nous disait encore, tout sourire, le réalisateur avant la projection. Hélas, il ne s’agit pas uniquement d’une boutade…