Après avoir érigé en finesse un jeune homme ordinaire en icône héroïque, Raimi prend un malin plaisir à prendre une jeune femme ordinaire et à lui faire subir un enfer que l’on ne peut que qualifier de jubilatoire en tant que spectateur. Le cinéaste revient à un genre qu’il n’avait pas côtoyé depuis de nombreuses années, l’horreur, alors que c’est celui-là même qui l’a déposé sur le radar cinématographique et geek, avec la trilogie Evil Dead. Et si Jusqu’en enfer est bien un retour aux sources pour Raimi, c’est surtout un beau pied de nez au cinéma d’épouvante américain moderne, fatigué, répétitif, et ayant par trop choisi d’appuyer sur le glauque et le clinquant visuel. A ce jeu-là le cinéma hollywoodien est depuis longtemps à la traîne du cinéma asiatique et européen, et Raimi n’envisage pas de s’en approcher.
Son Jusqu’en enfer est un cinéma d’horreur à la fois plus roots et plus dans l’air du temps. Plus
Dès lors, le scénario de Raimi va jeter son héroïne dans une course poursuite contre un ennemi invisible. Sons inquiétants, apparitions brutales, séquences de poltergeist, visites chez le medium, scènes de possession, visite nocturne d’un cimetière pas franchement accueillant… Raimi s’appuie sur du familier, des passages obligés, tout en insufflant un brin de fraicheur générale assez indéfinissable.
Peut-être est-ce dû à cette atmosphère assez particulière, ce décalage étonnant entre un cadre si doux et en apparence agréable (un Los Angeles rutilant et baignant de lumière) avec les zones d’ombres auxquelles Christine essaie constamment d’échapper. Peut-être est-ce dû aussi à une bonne dose d’humour, devenu si rare dans le cinéma d’épouvante actuel, et que l’on retrouve avec plaisir dans l’univers de Raimi.
La morale de l’histoire ? L’arrivisme et l’égoïsme ne mènent à rien, sinon sûrement en enfer. Ah oui, et aussi, faites pas chier les vieilles gitanes avec les ongles crasseux et les dents pointues, on ne sait jamais…