Il est encore moins évident de deviner quel film va nous offrir un regard vif et touchant sur le sujet. Ne cherchez pas dans un film dont le titre comporte le mot « Ami » car il s’agit souvent d’un faux ami, un film traitant l’amitié de façon trop convenue, trop attendue, trop facile. Le mariage de mon meilleur ami ? Mon meilleur ami ? Non, ne cherchez pas dans cette voie là.
Cherchez un film dont le pitch n’amène pas immédiatement le thème de l’amitié. Cherchez Un monde parfait et sa cavale d’un taulard dans le Texas des années Kennedy. Cherchez JSA et ses gardes frontières coréens sur la zone démilitarisée, pris dans le tourbillon d’une tragédie inévitable. Cherchez Les évadés et la vie dans la prison de Shawshank dans les années 40.
Les films cités plus hauts étaient surtout le parfait exemple de la représentation de l’amitié masculine sur grand écran. Piano Forest s’attache lui à l’amitié enfantine. Dans un film d’animation, le risque de traiter le sujet à hauteur d’enfant et lui imprimer ainsi le ton correspondant est grand. L’immense réussite du film de Masayuki Kojima est de trouver le parfait équilibre entre la part enfantine du sujet, à travers le personnage de Kai, le jeune chien fou, et sa part adulte, le sérieux Shuhei. La joie insouciante côtoie cette amertume toute rétrospective, nostalgique d’un point dans le temps conservé et chéri dans un coin de la mémoire.
Piano Forest s’avère ainsi être, en fin de compte, la très belle histoire d’un riche gamin des villes et d’un pauvre gamin des champs unis par leur attachement au piano. Un film offrant toutes ses lettres de noblesse à l’amitié pure et sans arrière-pensée. Un brin fantasmagorique, mais que l’on rêve tous de connaître dans nos vies.