Il y a trois ans déjà, Paris Cinéma avait eu l’excellente idée de mettre à l’honneur le cinéma coréen, donnant l’occasion d’un festin cinéphile difficile à égaler pour qui aime les films issus du Pays du Matin Calme. C’est dans la compétition internationale que figure cette année Breathless, première réalisation du comédien Yang Ik-Joon. A mille lieues des comédies et films d’action dans lesquels l’acteur s’est illustré, Breathless est un film qui ne peut que sortir de ses tripes, fait avec un budget que l’on devine minime mais déployant une force que l’argent n’achète pas.
L’histoire est celle de Sang-Hoon, petite frappe approchant de la trentaine qui gagne sa vie en
Ce qui est passionnant dans le cinéma coréen, c’est que malgré l’attente que l’on développe autour (si l’on s’y intéresse), malgré l’apparente simplicité que l’on semble percevoir dans l’intrigue et les personnages de certains films, comme on peut le ressentir au premier abord avec Breathless, les lieux communs explosent, la facilité est contournée, et le résultat final (au choix) perturbe, choque, émeut, transporte. Breathless, malgré ses moyens limités et des ramifications entre les personnages si clairement établis qu’elles semblent promettre peu d’alternatives à un plan tout tracé, est sans conteste de ces films.
Le misérabilisme social pourrait guetter à chaque séquence. La détresse humaine pourrait être appuyée jusqu’au pathos le plus dégoulinant. La violence physique pourrait verser dans l’apologie jouissive. Pourtant de ces caractéristiques denses, Yang Ik-Joon tire une substance admirable, une galerie d’êtres humains meurtris, les héros en tête, mais également des seconds rôles tous justes, gamin sans père, gangster efféminé, pères fantomatiques.
Les opposés semblent indissociables sous l’œil de Yang. Violence et bonté ne sont pas incompatibles, mais en aucun cas elles ne sauraient suffire à expliquer ou définir un personnage et ses actions. Drame tragi-comique, Breathless s’affranchit de sa condition de tout petit film d’auteur (Yang est interprète principal, scénariste, réalisateur, producteur et monteur du film), portant un grand coup émotionnel aux yeux et au cœur, faisant coexister sa nette rudesse avec des touches d’allégresse et de douceur (la musique, aérienne, fait penser à du Sigur Ros).
Prix du Jury et Prix de la Critique au dernier Festival du Film Asiatique de Deauville, Breathless devrait sortir dans les salles françaises en décembre prochain.