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The Rocky Horror Picture Show : les travestis traversent l'écran !

Par Tred @limpossibleblog
L’expression « film culte » a beau être galvaudée et employée trop facilement dès qu’un film un peu branché se trouve sous les projecteurs, il est certaines fois où l’expression colle on ne peut mieux à une œuvre. Et l’on reconnaît à coup sûr un film culte à la frénésie fanatique transcendant le long-métrage, créant un mouvement dont l’ampleur dépasse ce que les créateurs auraient pu imaginer. Star Wars et ses conventions de fans ; The Big Lebowski et ses réunions bowlings et « white russians »… Mais à Paris, le plus accessible reste le Rocky Horror Picture Show et ses animations travesties !
The Rocky Horror Picture Show : les travestis traversent l'écran !Petit rappel pour ceux qui ne connaîtraient pas le film. The Rocky Horror Picture Show est une comédie musicale tendance gothique dans laquelle un jeune couple atterrit par une nuit d’orage dans un manoir dont le propriétaire, docteur Frank N’Furter, est un scientifique travesti organisant de drôles de petites soirées pour montrer sa grande création : un grand blond éphèbe dont il est épris.
Un film culte le devient rarement du jour au lendemain, et le Rocky, sorti en 1975, n’a pas dérogé à la règle. C’est grâce aux séances de minuit que le film a peu à peu attiré une foule de curieux bientôt épris de personnages décalés et de numéros musicaux inattendus. Des projections un peu particulières ont commencé à germer, projections au cours desquelles des spectateurs recréaient dans la salle l’ambiance du film avec costumes et accessoires.
En France voilà des années que chaque semaine, le Studio Galande, une petite salle du Quartier Latin parisien, organise des projections du Rocky animées par deux troupes de fans différentes, une le vendredi et une le samedi. Chaque weekend donc, aux alentours de 22h, si vous passez rue Galande et que vous apercevez une longue file d’attente devant une petite façade de cinéma, aucun doute, c’est pour le Rocky.
Samedi dernier, j’en étais, pour la première fois. C’était l’anniversaire de mon amie Élodie, et mon autre amie Cécile a eu cette idée de génie : « Et si on emmenait Élodie au Rocky Horror Picture Show ? ». Élodie a beau sembler discrète et timide, ceux qui la connaissent savent que derrière cette façade se cache un appétit féroce pour les films qui déménagent et font couler l’hémoglobine à flots, alors pourquoi pas un conte gothique décadent sur l’écran et dans la salle ?
Murs et écran drapés en prévision de l’animation arrosée, la salle du Studio Galande bouillonne The Rocky Horror Picture Show : les travestis traversent l'écran !dès l’entrée de l’excitation de spectateurs sachant à quoi ils vont assister. Les « Sweet Transvestites », animateurs du samedi soir, font les ouvreurs avant de se retrouver sur scène travestis en Village People, histoire de mettre un peu d’ambiance avant le lancement du film. La couleur est annoncée, et l’appel tombe : « Y a-t-il quelqu’un dans la salle qui vient ce soir pour une occasion spéciale ? Enterrement de vie de garçon, anniversaire… ? ». Installés à l’avant dernier rang, on regarde Élodie, prêts à la jeter aux fauves travestis investissant l’estrade, avant qu’elle ne nous arrête (« Non non non, surtout leur dites pas, ou je vous raye de mes amis !!! »), laissant parler sa façade timide… A cet instant, le rang juste derrière nous, un certain David à l’accent étranger (américain ?) est dénoncé par ses potes. C’était samedi son 45ème anniversaire, et il fût ainsi décidé qu’il en baverait toute la soirée.
Une fois que le film est lancé, la fête commence et ne se conclue que deux heures plus tard. Chaque membre des Sweet Transvestites arbore les costumes d’un des personnages du film, et tout en recréant et mimant les gestes de leurs avatars cinématographiques, ils commentent le film, l’agrémentent de blagues dont le centre de gravité se trouve (pour le plus grand plaisir des spectateurs) juste en dessous de la ceinture, et très important, ils nous font participer. Où l’on chante et danse en rythme, où l’on interpelle les personnages à l’écran et dans la salle, où l’on fait des batailles d’eau pendant les scènes de pluie, des batailles de riz pendant les scènes de mariage… Ca et là, les Sweet aiment également à intercaler des blagues sur des faits d’actualité, et à l’évidence la mort cette semaine de Filip des 2B3 a bien nourri leur carnet de blagues liées au film !
Et bien sûr lorsqu’à l’écran les vêtements tombent et les corps se pressent, les personnages dans la salle jettent leur dévolu sur quelqu’un parmi les spectateurs pour mimer ce qui se passe dans le film (et à ce jeu là, le David du rang derrière a eu beaucoup de visites, rassurant Élodie sur son choix d’avoir gardé sous silence la raison de sa venue…).
Lorsque les lumières se rallument, que le générique a fini de défiler, et que la troupe des Sweet a finalement présenter ses membres, les grains de riz parsèment le sol, l’eau qui nous a arrosés pendant la scène d’orage est presque sèche, et l’on quitte la salle. Sortis parmi les derniers, on se retrouve à près d’1h du mat’ rue Galande à saisir les impressions de chacun, lorsque quelques membres des Sweet sortent en costumes de scènes (comprenez slips et porte-jarretelles) pour en griller une, dont le leader de la troupe, qui incarne le majordome Riff Raff.
The Rocky Horror Picture Show : les travestis traversent l'écran !Après l’avoir complimenté pour le spectacle, on ne peut résister, et le secret part en fumée en même temps que la clope de Riff Raff : on est venus pour fêter l’anniversaire de notre amie Élodie. « Mais fallait le dire !!! » Se voyant entourée de quatre hommes en porte-jarretelles prêts à la ramener dans la salle, Élodie s’inquiète mais finalement elle accepte d’être prise en photo au milieu de ces quatre représentants des Sweet.
L’heure du dernier métro approchant, on salue la troupe une dernière fois, et dans la nuit parisienne pour une fois encore bien vive malgré l’heure avancée (on se serait presque cru à Seoul !), on laisse dernière nous le Studio Galande et ce Rocky Horror Picture Show, une séance assurément pas comme les autres, rassasiés de décadence cinéphile jouissive... jusqu’à un prochain évènement à fêter !

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