Je n’épiloguerai pas longuement sur les qualités de Neuilly sa mère, comédie plaisante qui, si elle ne brille pas par l’originalité cinématographique, a le mérite de se moquer ouvertement de l’ère Sarkozyste qui est la nôtre, certes sans trop de finesse mais avec aplomb. Est-ce ce ton irrévérencieux qui a attiré tous ces acteurs célèbres pour une courte participation, de Michel Galabru à Valérie Lermercier en passant par Josiane Balasko, François-Xavier Demaison et Elie Semoun ? Peu importe. De toute façon j’étais venu pour ce cher Denis Podalydès, qui non content d’être un grand comédien sur les planches est toujours un régal sur grand écran. Le genre d’acteur qui élève à lui seul l’intérêt et le niveau d’un film.
Si je n’oublierai pas cette séance de Neuilly sa mère !, comme je l’annonçais en préambule, ce ne sera donc ni pour les qualités du film, ni même pour ce cher Poda. Non, ce sera bien pour cet instant surréel, étonnant et assez magique, où calé dans mon fauteuil, je vis entrer en salle… une femme non-voyante, guidée par son chien et une jeune femme l’accompagnant. Cette inattendue petite troupe monta tranquillement les marches jusqu’en haut de la salle, où elle se posa.
La jeune femme qui voyait a-t-elle passé le film à décrire les images à la femme aveugle ? Ou bien celle-ci s’est-elle contentée du son ? J’étais trop loin pour m’en rendre compte. Et si je me suis cru un instant dans le court-métrage « Foutaises » de Jean-Pierre Jeunet, finalement, qu’est-ce qui empêcherait une personne non-voyante de prendre plaisir à déguster un film sur grand écran ?
Les séances nocturnes réservent parfois de drôles de surprises…