La chanson française est fatiguée, nous dit-on, épuisée de ses éternelles références, de ses propos collés à de minimalistes accords, de son intellectualisme pédant ou de son misérabilisme affligeant. Peut-être. Il est possible aussi qu’à un tel point d’écœurement, BABX ne vous rafraîchisse pas.
De toute façon, BABX n’est pas rafraîchissant. Ses murs de glace brûlent les « myocardes [tissu musculaire du coeur] titaniques ». Devant eux, sur de mélancoliques mélodies, le chanteur projette des paysages urbains saturés de caméras, de volutes de fumée et de bas résilles arrachés. Qu’ils soient habitués des trottoirs ou des hôtels internationaux, les personnages de ses chansons côtoient finalement les mêmes bas-fonds. Aubes, mers et trottoirs sont tous obscurément parés, même chez la Reine des Neiges, qui pour l’heure s’en est allée, règne un Soleil noir de la Mélancolie (Cristal Ballroom). Sous ses rayons, la salle de bal, mirifique Palais des Glaces, a fondu ; hommes comme femmes y noient leurs amours déchus (”Coule dans mes sillons”, Electrochocs Ladyland ; L’orage). Non, l’eau de BABX n’est pas rafraîchissante, la pluie y est continuelle et les Invitations aux voyages bien vaines. Si, en bon Baudelairien, l’artiste rêve d’île (L rêve d’Il), de « matins satins » et de « villes mauves », il se rappelle entre deux vers, combien ses espoirs sont déjà “poussière“.
Vous l’avez compris, BABX, dit, de jour, David Babin, est un poète maudit ; il en a la jeunesse ainsi que les écrits saccadés et érudits qui empruntent autant à la mythologie urbaine qu’aux ouvrages de botaniques (pour information, un Vétiver est une plante tropicale originaire d’Inde aux racines odorantes utilisée en parfumerie, source : TLF). Vous allez fondre…!
Cristal Ballroom, Wagram, Dans les bac, 11 titres.
Marie Barral
Vous pouvez découvrir trois titres sur son myspace mais, on ne vous le cache pas, ce ne sont pas les plus beaux : cliquez ici
Voici BABX chantant un des titres du précédent album (Crack Maniac) :