Avis aux habitués des "mercredis de l'Histoire" sur arte. Toutes activités cessantes, allez voir L'affaire Farewell. Si vous voulez de l'Histoire, de la bonne vieille stratégie politique de guerre froide, vous en aurez pour vos sous: voici un cours de relations internationales du XXème siècle mis en dialogues par Christian Carion, avec Ronald Reagan (un peu grand) et François Mitterand (un peu gras) en guest stars. Le film idéal pour celui qui prépare le bac d'histoire. Pour les autres, il faut accepter de sacrifier à la pédagogie toute envie de réalisme quant à la représentation des grands dirigeants - entre deux portes, ils parlent comme les sous-titres d'un manuel de géopolitique.
Au-delà de ça, pourtant, il y a une vraie histoire d'espionnage. Guillame Canet est un jeune français travaillant à Moscou, Emir Kusturica un cadre du KGB qui, voulant révolutionner de l'intérieur le système soviétique, prend la décision de faire passer à l'Ouest les informations auxquelles il a accès. Si la relation entre les deux personnages est plutôt bien faite, si l'histoire même est passionnante, on cherche longtemps la plus petite forme de dramatisation. Ce que l'on retient, au fond, c'est Kusturica donnant à Canet des papiers avec des plans dessinés dessus. Point.
Ce vide est quelque peu compensé par un travail esthétique. Mais là encore, il arrive à la mise en scène de verser dans le lyrisme pataud, où Moscou et l'empire communiste sont cantonnés à une série de symboles. Kusturica l'acteur parvient à donner de sa chair au rôle de Sergeï, et la plus grande réussite de L'Affaire Farewell est peut-être, sous les traits du fils de Sergeï, le portrait de la jeunesse russe des années quatre-vingt, le temps d'une chanson de Queen.