Claude Allègre n’en finit pas de contester la réalité du phénomène de changement climatique. Il vient de déclarer au journal Nice Matin : « Nicolas Hulot est un imbécile, vous pouvez l’écrire. C’est une honte qu’il soit devenu le gourou de l’écologie. Il envoie les gens rouler à vélo et lui fait ses affaires en hélicoptère ».
Année après année, Claude Allègre se construit l’image de celui qu’on ne fera pas taire, de celui qui dit la vérité sans s’encombrer du politiquement correct, et qui , tel Galilée, n’hésite pas à s’opposer frontalement à la communauté scientifique internationale. Franc tireur, éléphant dans un magasin de porcelaine, escroc anthipatique ou opportuniste primaire ? Le moins est de dire que Allègre ne laisse pas indifférent.
En est-il pour autant crédible sur cette question du changement climatique ?
Spontanément, on est bien sûr tenté de balayer les arguments de Claude Allègre, qui paraît bien isolé face au front commun des scientifiques du monde entier. Mais si l’on creuse un peu, il devient difficile de se prononcer. Quand Allègre déclare que les scientifiques du GIEC apportent « des réponses simplistes à un système complexe et prétendent prédire le climat dans cent ans, alors qu’on a du mal à obtenir une météo fiable à plus de trois jours », que faut-il penser ? Comment se prononcer sur la validité de ces arguments scientifiques ?
En tant que citoyen lambda, il est évidemment quasiment impossible de rentrer dans le fond de ce débat aussi complexe. On croira donc celui en lequel on a confiance, pas en celui qui nous aura convaincu par la justesse de son argumentation scientifique.Il existe peut être une manière plus fiable de garder les idées claires dans ce débat, en posant la question : « à qui profite le crime ? ». Accepter la thèse du changement climatique, c’est aussi accepter que le fonctionnement actuel de notre société est intenable, et donc que de profonds changements doivent intervenir. C’est donc aussi remettre en question de puissants intérêts en place, des rentes de situation bien établies, qui ont bien évidemment un pouvoir d’influence et de lobbying cent fois supérieur à celui des scientifiques du GIEC.
Que tout le monde admette la nécessité de changer notre relation à l’énergie et aux émissions de gaz à effet de serre, et donc d’outrepasser la logique actuelle du profit à court terme est certainement la meilleure preuve que les démonstrations de la réalité du changement climatique ne s’appuient pas que sur du vent.