In memoriam

de Linda Lê
Roman - 190 pages
Editions Christian Bourgeois - Août 2007
Editions Poche Points - Mars 2009

Sola s'est suicidée. Il est un homme qui la pleure, et qui se trouve aussi blessé de ce soudain départ sans au revoir. Cet homme, écrivain, mélancolique, vénérait Sola avec laquelle il partageait sa passion pour la littérature. Mais c'est à son frère à lui, Thomas, qu'elle s'est confiée dans ses derniers instants. Entre ses deux frères ennemis, amoureux de la même femme défunte, le deuil sera aussi l'occasion de rivalités sourdes, de jalousies.

Une atmosphère lugubre enveloppe le lecteur dès les premières pages, pages qui le plongent dans le monologue ininterrompu du narrateur. De Sola on apprend peu de choses. Mais on sait qu'elle laisse un homme déboussolée, déçu, qui reprend le fil de ses souvenirs pour se remémorer Sola, pour panser ses blessures aussi, pour analyser les rivalités avec son frère ennemi, dont il devra inévitabkement se rapprocher, malgré lui.

Extrait :

"Quand j'appris la nouvelle, non seulement du suicide mais de la visite de mon frère, à qui avait été concédé le privilège de lui parler avant sa mort, je me mis à haïr Sola. Elle était partie sans une explication, comme si je ne valais pas la peine d'une lettre. Il nefallait pas attendre d'elle un Pardonnez-moi. Elle était trop convaincue de la légitimité du moindre de ses actes. Mais elle aurait pu me dire au revoir, m'assurer qu'elle m'avait aimé, même en ajoutant qu'elle aimait aussi Thomas, de façon différente, avec moins d'ambivalence. Elle s'en était abstenue. Elle avait tiré sa révérence en ma claquant la porte au nez, et moi, glacé d'effroi, j'avais pour tout legs ce silence assourdissant. La tragédie était consommée."

Linda Lê a une écriture précieuse, exigente, riche d'un vocabulaire parfois rare. Au fil des pages, des mots inconnus (de moi), ici une ratiocination, là une aporie, une colère clastique, des séides, des lazzis, des myrmidons, des philippiques aussi, ainsi que des amphigouris, des algarades, et même une thébaïde et un palimpseste... Un hommage à Sola, mais aussi un hommage à la littérature qui sauve.

Roman inhabituel, de grande qualité, mais qui m'a néanmoins déçue et presque ennuyée. Cette introspection froide par moments a lassé ma lecture.

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