Derrière son image de carte postale, la Suisse est un pays comme les autres dans lequel les salariés souffrent de la crise. Samedi dernier, 19 septembre, à l’appel des syndicats, près de 30 000 personnes défilaient dans les rues de Berne pour demander des garanties pour l’emploi et les salaires mais aussi, manifester leur incompréhension à l’égard des cadeaux fiscaux, du sauvetage des banques sans oublier, le démantèlement des assurances sociales.
“Nous manifestons contre la provocation ici devant le Palais fédéral, contre une politique qui a investi 68 milliards de francs dans l’UBS (Union des Banques Suisses), mais qui vient de refuser cette semaine des mesures efficaces contre la crise; cela alors que la crise n’a été rien de moins que provoquée par les abus dans le secteur financier“, a résumé Paul Rechsteiner président de l’Union syndicale suisse (USS). “Si aucune mesure efficace n’est prise, il faudra s’attendre à un chômage de masse et un chômage des jeunes que la Suisse n’a jamais connu“, a-t-il ajouté.
Inquiétude d’un côté, colère de l’autre. “Nous en avons assez des chevaliers du bonus, assez des managers avec leurs excès salariaux et leurs parachutes dorés qui seront encore soutenus politiquement au Palais fédéral“, a indiqué le syndicaliste.
Au pays des Helvètes aussi l’avenir de la Poste est sombre. “Dans ce contexte dramatique, la Poste envisage non seulement de supprimer 2500 emplois, mais aussi de renoncer à toute augmentation salariale pour 2010; une telle attitude est scandaleuse et irresponsable“, a fustigé Alain Carrupt, président du Syndicat de la communication. Les Cheminots ne sont pas en reste. Le Syndicat du personnel des transports publics (SEV) a de son côté dénoncé la “tricherie des caisses de pensions“.
La poussée de fièvre Helvétique témoigne de la dégradation des économies occidentales. Elle doit être analysée à l’aune du rapport de l’OCDE publié mercredi à Paris. Si l’étude confirme l’amorce d’une reprise dans les pays industrialisés, elle relève dans le même temps que, dans le domaine de l’emploi, le pire est à venir.
Le taux moyen du chômage dans les 30 pays membres de l’Organisation devrait atteindre les 10% à fin 2010. Il était encore à 8,3% en juin 2009 et seulement 5,6% en 2007.
Une moyenne qui cache de fortes disparités. L’Espagne et l’Irlande après 10 années glorieuses devraient voir leur taux du chômage grimper à respectivement 19,8% et 15,1% à fin 2010. Le taux de chômage devrait atteindre 11,3% en France l’an prochain, 11,8% en Allemagne et 10,5% en Italie.
Et la Suisse ? Sa situation reste enviable même si de 3,8% en août, son taux de chômage devrait passer les 5% en 2010. Concrètement la Confédération devrait franchir la barre symbolique des 200 000 chômeurs.
Les syndicats Suisses ne croient pas pour autant dans la perspective du maintien d’un îlot de prospérité dans une Europe à genoux. Le rapport de l’OCDE n’a pas de quoi les rassurer lorsqu’il évoque le risque, “de voir cette crise prendre un caractère structurel” et se muer en “crise sociale à part entière“, avec à la clé une santé dégradée, une baisse de niveau de vie, une augmentation de la délinquance et de la criminalité.
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