photo Radio-Canada
Pierre falardeau est décédé vendredi soir d’un cancer qu’il combattait depuis quelques mois. Il avait 62 ans.
Acteur important du mouvement souverainiste, le réalisateur laisse aujourd’hui le peuple québécois sans voix. Polémiste et patriote, Falardeau était bien connu pour son énergie ravageuse et ses positions politiques pour le moins controversées. Il laisse en héritage plusieurs ouvrages écrits et cinématographiques. Certains se rappelleront la mise en scène de ce jeune garçon s’empifrant de Poulet Frit Kentucky sans vergogne dans Pea Soup, filmé avec son ami Julien Poulin, ou de ce buffet provoquant dans le Temps des bouffons
Son personnage d’Elvis Gratton marque à jamais le folklore du Québec. Sa verve choquante et sans subtilités qui provoquait des crises d’urticaires chez certains libéraux en fit de lui leur souffre-douleur, le contre-exemple. Sa langue loin d’être dans sa poche, s’activait à la moindre occasion pour appuyer ses positions. Certains lui reprocheront son manque de discernement, prenons exemple sur ses commentaires à la mort de Claude Ryan, d’autres le considéreront comme un mal nécessaire. On peut sans mal affirmer qu’il ne rendait personne indifférent.
Il le dit lui même : “Ça se peut bien que je sois devenu le bouffon de service. Mais dans la cour du roi, le fou, c’est encore le seul qui pouvait dire des vraies affaires.” Bouffon ou non, il engendrait la conversation, la critique. On peut en conclure que le fou du roi, le clown, malgré la connotation péjorative, est un mal nécessaire dans une société.
Sa voix rauque au timbre particulier résonnera encore longtemps dans la tête des Québécois, peu importe leur allégeance.
“Tabarnac!”
Presse canadienne
Le cinéaste et écrivain Pierre Falardeau est décédé vendredi soir à l’âge de 62 ans à l’Hôpital Notre-Dame, à Montréal. Il combattait un cancer depuis quelques mois. Il laisse dans le deuil sa conjointe et ses trois enfants.
Pierre Falardeau était connu pour ses prises de position en faveur de l’indépendance du Québec, un thème qui a marqué une bonne partie de son oeuvre et de sa vie.
Après des études en anthropologie et en ethnologie à l’Université de Montréal, Pierre Falardeau a tourné des documentaires puis des films de fiction. Nommé Patriote de l’année en 2002, il remporté en 1995 le Prix Ouimet-Molson pour son film Octobre, un prix qu’il accepte alors qu’il a toujours critiqué la famille Molson. En juin 2009, il reçoit le Prix Pierre-Bourgault du Mouvement souverainiste du Québec.
Il a réalisé son premier court métrage, Continuons le combat, en 1971, un film qui dresse un parallèle entre la lutte sportive et l’identité politique des Québécois.
Le film qui le fera connaître comme cinéaste engagé est Pea Soup, sorti en 1978. Le film est le fruit de six ans de travail, sans aide de l’Office national du film et sans rémunération. Il s’agit d’un documentaire qui tente de démontrer l’aliénation des Québécois face au pouvoir économique. Le film a été tourné dans des usines et donne la parole aux ouvriers.
Il réalise en 1981 la première des aventures comiques d’Elvis Gratton, un fédéraliste grossier et caricatural joué par son bon ami le comédien Julien Poulin.
Ses films les plus connus sont 15 février 1839, Octobre, Le steak, Le Party , et Le temps des bouffons.
Il a aussi publié plusieurs livres, dont La liberté n’est pas une marque de yogourt, en 1995,Les boeufs sont lents, mais la terre est patiente, en 1999, et Il n’y a rien de plus précieux que la liberté et l’indépendance, sorti cette année.
Interrogé à RDI, l’ancien premier ministre du Québec Bernard Landry a déclaré qu’il s’agissait « d’une perte considérable pour notre nation. C’était un grand créateur qui a utilisé le cinéma d’une façon exemplaire pour faire valoir ses idées et des convictions. Parfois avec humour, parfois d’une façon tragique, mais son oeuvre cinématographique en soi est d’une grande valeur. Et pour notre nation, notre combat national, il a aussi été d’un apport exceptionnel ».
L’actuel chef du Parti québécois, Pauline Marois, a salué la mémoire de l’artiste, mais aussi du polémiste. Elle reconnaît le caractère parfois excessif de ses propos, mais y voit la marque d’un homme libre.
« C’était un homme qui franchissait peut-être certaines frontières que l’on ne franchirait pas, nous. Mais en même temps, il était excessif et c’est le propre, souvent, des gens qui ont des convictions profondes et qui veulent que leurs causes progressent », a dit la chef péquiste.
Mme Marois déplore la perte d’un grand défenseur de la cause souverainiste.
Le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe a loué la force de conviction du défunt ainsi que son oeuvre cinématographique. Il admet ne pas avoir partagé toutes ses opinions, mais salue sans détour son engagement total envers la souveraineté du Québec.
Le premier ministre du Québec, Jean Charest, qui participe au conseil général du parti, à Drummondville, a aussi réagi au décès du cinéaste. « M. Falardeau, on le sait est un pamphlétaire, un homme qui avait le goût de la polémique, qui avait des opinions toujours fortes et il trouvait souvent une formule-choc pour les exprimer. Par contre, son oeuvre artistique est substantielle », a-t-il dit.
Hommage du cinéaste Michel Brault à Pierre Falardeau
« Pierre était d’abord un grand patriote, flamboyant et impatient. Il a dû se battre pour s’exprimer en toute liberté. Son premier et unique sujet a été son pays, le Québec, et ses compatriotes qu’il aimait par-dessus tout. Comme un bûcheron, ses films sont faits à la hache et au godendart. Ils ont le timbre de sa voix, que nous n’oublierons plus jamais. »
Radio-Canada.ca avec Presse canadienne
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