Présence d'eau et d'hydroxyle à la surface de la Lune
La nouvelle a fait le tour du monde à la vitesse de la lumière (avec Internet, c’est plus facile !) : il y a de l’eau à la surface de la Lune ! Certes, d’infimes quantités mais à peu près partout ! Depuis le temps que l’Homme en rêvait … D’ailleurs, de nombreuses formations sombres que l’on voit depuis la Terre sont appelées « Mers » (Mer des Crises, Mer des Pluies, Mer de la Tranquillité, etc.) car soupçonnées d’en contenir. Mais il n’y en pas une goutte !
Trouver de l’eau sur notre satellite naturel est une bonne nouvelle pour les projets de bases lunaires, anti-chambre d’entrainement pour les missions martiennes. Cela permetra de disposer du précieux liquide sur place, sans avoir besoin de le transporter. Seulement, il n’y pas à pas à l’état liquide (trop froid ou trop chaud) et il y en a de très faibles quantités. Olivier Groussin, du Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (LAM) – co-découvreur de la présence de l’eau sur la Lune – et son équipe estime qu’il y en a environ 0,5 l. par hectare ! Ces derniers rappellent, d’ailleurs, que le désert le plus sec sur Terre en contient beaucoup plus (taux d’humidité de 10 % par hectare dans le désert de l’Atacama contre 0,5 % sur la Lune) ! Les réserves sont donc très restreintes pour une quelconque installation sur notre voisine. Cependant, les chercheurs n’excluent pas la probabilité d’en trouver ailleurs en plus grande quantité.
Abondance de l'eau selon les températures
La Lune est l’objet céleste le plus proche de la Terre, celui que l’on pourrait penser connaître le mieux et pourtant, la confirmation de la présence d’eau à sa surface arrive « tardivement », longtemps après la détection d’eau sur Mars ou Europe. Cela s’explique par le fait que depuis la Terre, la vue des télescopes est brouillée par l’humidité de notre atmosphère.
Rendue publique dans un article de la revue scientifique américaine « Science » le 25 septembre, on doit cette découverte à trois satellites et sondes spatiales : Chandrayaan-1 (sonde indienne qui observa la Lune pendant 1 an, plus de 70 000 images furent amassées), EPOXI/Deep Impact (qui voyagea jusqu’à la comète Tempel 1) et Cassini (sonde américaine et européenne qui explore Saturne depuis 2004). Chargée de cartographier les minéraux à la surface de la Lune, Chandrayaan-1 détecta la première les molécules d’eau avec son spectromètre, dans le proche infrarouge. Aussitôt, la sonde EPOXI orienta ses instruments vers la Lune pour confirmer l’information. En effet, de l’eau (H2O) et de l’hydroxyle (OH) sont présents à quelques millimètres de profondeur, dans le régolite lunaire. Les molécules y sont « adsorbées » et non absorbées, c’est-à-dire très peu liées à la matière environnante. A la moindre élévation des températures, l’eau peut donc s’échapper. Cela explique pourquoi on en trouve moins dans les zones où l’ensoleillement est plus fort : à l’équateur ou quand il est midi, par exemple. La contribution de la sonde spatiale Cassini, troisième rapporteur d’éléments dans l’enquête, est dans la relecture de ses archives. En effet, les données collectées lors de la calibration de ses instruments au moment de son deuxième passage dans la banlieue terrestre laisse apparaître la présence de molécule d’eau en surface.
L’eau que l’on pensait être le fait unique de notre planète, elle toute bleue, une exclusivité dans le système solaire … est, au contraire, abondante. On la rencontre dans de nombreuses régions plus ou moins proches de nous : sur Mars, sur Europe, sur Encelade, sur Titan, sur la Lune désormais et bien sûr, dans les innombrables comètes !
Des scientifiques pensent que l’eau découverte provient en partie du vent solaire et de sa déferlante de ions d’hydrogène, lesquels s’associeraient avec les atomes d’oxygène contenus dans les minéraux présents dans le sol lunaire. C’est, en tout cas, l’hypothèse l’a plus retenue.
Le 9 octobre prochain, la sonde américaine LCROSS percutera un cratère au pôle sud de la Lune (lire l’article : « La NASA a choisit le cratère Cabeus A au pôle sud de la Lune pour l’impact de LCROSS ») afin, précisément, d’y mettre à jour/à nu l’existence de glace d’eau dans une région très peu touchée par la lumière du Soleil. En ce moment la sonde se prépare à cette périlleuse mission pour laquelle elle fut programmée.
Crédit photos : ISRO/NASA/JPL-Caltech/USGS/Brown Univ. et University of Maryland.