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G20 : une souris qui cache un éléphant

Publié le 26 septembre 2009 par H16

Voilà voilà, le G20 se termine et tous nos grands timoniers se filent des claques dans le dos, ou, comme Sarkozy, jouent à l’école des fans en distribuant la même note à tous les acteurs : tout le monde a gagné, c’est génial, formidable et supayr, la finance est domptée et le monde va enfin repartir de l’avant.
Mais une fois retombée l’ivresse des réceptions à 400.000 euros (ou 2 millions ?) pour noyer le citoyen expatrié et oublier les disputes avec Chabot, une fois les paillettes retombées, il ne reste qu’une gueule de bois assez sévère et cette impression latente que finalement, Sarkozy ne fait plus recette.

Car au final et exactement comme sa version précédente, le G20 aura à nouveau accouché d’une souris. Dans la bouche de notre président, la souris a tendance à s’appeler Mickey et à vivre des aventures animées, rocambolesques et pleines de peps, mais ça reste une souris : si l’on en croit le locataire de l’Elysée, les paradis fiscaux sont en voie de disparition, la finance mondiale est enfin sur les rails d’une nécessaire et énergique régulation, et les bonus vont être soigneusement scrutés par tout ce que le gratin politique mondial compte d’emmerdeurs de dirigeants vigilants.

Si l’on prend le temps d’arrêter le court métrage d’animation fantaisiste que le président français nous joue et qu’on observe la réalité en face, on notera que les engagements du G20 sont tout sauf contraignants, les paradis fiscaux existent encore et la finance mondiale continue à ignorer superbement les coups de boutoirs de plus en plus microscopiques des politiques.

Et à bien y réfléchir, tout ceci est parfaitement logique, voire souhaitable.

Les paradis fiscaux continueront d’exister, notamment parce qu’ils sont bien pratiques pour ceux-là même qui prétendent vouloir s’en débarrasser. Il faut bien stocker quelque part les butins discrètement détournés des caisses publiques. En outre, ces paradis existeront d’autant plus que les contribuables des pays comme la France les fuiront tant qu’ils auront le sentiment cuisant de se faire détrousser par des politiques se foutant éperdument de l’économie.

La finance continuera d’ignorer les gesticulations politiques : les effets des politiques menées sont tellement décousues, précipitées et contraires à ce qu’il faudrait faire que leurs effets sont, actuellement, nuls et ont même tendance à amplifier le problème initial.

pittsburgh

Non seulement, la croissance ne repart pas, le déficit se creuse, mais le chômage continue de grimper, les entreprises de fermer et en plus, et surtout, la terreur des keynésiens qui nous gouvernent semble pointer le bout de son nez : des signes de déflation s’installent. Mécaniquement, cela se traduit d’ailleurs par une baisse des prix à la consommation :

Le déflateur du PIB se contracte pour l’ensemble de la zone euro et les prix à la consommation hors énergie et hors alimentation ralentissent partout et baissent même dans les pays comme l’Espagne et l’Irlande

Si l’offre de crédit est soutenue à bout de bras par de la création monétaire des états paniqués, la demande de crédit, elle, continue à diminuer, ce qui veut dire qu’on observe un profond changement dans l’esprit des foules : vivre à crédit, emprunter, c’est de moins en moins à la mode, et le remboursement des dettes semble de plus en plus d’actualité.

Et l’avenir semble forcer le point : le crédit va continuer à se déteriorer.

On peut aussi factoriser dans ce tableau les régalades de Dominique, le patron du FMI, qui a déclaré …

« Les conditions financières se sont améliorées et le moteur de la croissance semble être en train de redémarrer » et avec une certaine prudence : « J’espère que le pire est derrière nous. Nous semblons avoir évité le désastre »

Et ça devient amusant, parce que – rappelez-vous – DSK avait admirablement bien trouvé le point haut boursier de mai 2008, à quelques 48H près, avant une vague de baisse sévèrement burnée, en déclarant le 15 qu’ « Il y a de bonnes raisons de penser que les institutions financières ont révélé l’essentiel (des dégâts), surtout aux Etats-Unis (…) Les pires nouvelles sont donc derrière nous. » …

Bref : non seulement la crise n’est pas terminée, les politiques n’ont absolument rien fait pour l’arrêter, mais ils l’ont empirée. Ce G20 aboutit donc sur un constat d’échec dans le passé et à la nullité des actions entreprises pour le futur.

Une souris.

Qui cache un éléphant. Et cet éléphant, c’est l’Iran. Il est d’ailleurs tellement gros et tellement au milieu du salon à faire des claquettes dans son joli tutu rose que … personne ne semble s’inquiéter réellement pour les biscuits de grand-mère sagement posés sur la petite table-basse près de laquelle notre pachyderme fait ses déhanchements suggestifs.

L’un de ses derniers déhanchements, on le sait, aura consisté pour le président iranien à incendier la France et continuer en douce son programme d’enrichissement d’uranium.

Un autre déhanchement, plus subtil, aura été de songer très clairement à passer ses réserves … du dollar vers l’euro.

Or, ça, c’est un marqueur assez pratique pour les déclenchements d’hostilités. Le précédent pays à avoir tenté pareille opération était … l’Irak en 2000. On se souvient de ce qui s’est passé ensuite.

Alors, pendant que la souris nouveau-né émet des petits couics stridents, les présidents en profitent pour mentionner l’existence de l’éléphant, histoire que tout le monde prenne conscience que sa gymnastique est bien prise en compte, et qu’il ne faut dès lors plus s’en occuper. Et ça marche : mis à part un ou deux blogueurs ici ou , l’éventualité de plus en plus solide d’une intervention (israélienne, américaine ou sous mandat de l’ONU) en Iran ne semble guère présente dans les esprits.

Les prochains mois promettent du mouvement.


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