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L'irresponsable

Publié le 26 septembre 2009 par Malesherbes

Le souci d’argumenter à partir de ce que je connais me conduit à évoquer une nouvelle fois mes souvenirs professionnels. Au fil de ma carrière, lorsque j’aspirais à quelque promotion, on me répondait souvent qu’il me fallait démontrer ma capacité à exercer les responsabilités correspondantes. Et une fois celle-ci obtenue, il a aussi pu arriver que l’on me fît remarquer qu’il me fallait réagir pour mériter la confiance que l’on m’avait faite.

Depuis deux ans maintenant, nous pouvons observer un personnage, parvenu au faîte de l’Etat, qui mériterait plus qu’amplement ce genre de remarques. Plus puissant que tout autre Français, ses compatriotes sont en droit d’attendre de lui l’excellence. Et je ne supporte pas d’entendre, après une de ses erreurs, des formules du genre : « ça peut arriver », « après tout, ce n’est qu’un homme », « qui ne s’est jamais trompé ? ».

Si l’on pouvait comprendre, mais non excuser, sa précédente confusion entre prévenu et coupable lors de l’arrestation d’Yvan Colonna, enflammé qu’il pouvait être par l’ivresse de ce succès, il n’en va pas de même pour la réédition de cette confusion à propos de l’affaire Clearstream. Une presse servile s’en va clamant : « c’est un lapsus » et s’interroge pur savoir s’il convient ou non d’y chercher une explication psychanalytique. Où est le lapsus ? Lorsque quelqu’un commet un lapsus, il s’en aperçoit le plus souvent au moment où les mots sont sortis de sa bouche et tente alors parfois de les corriger. Rien de tel ici. Notre Président a bel et bien dit coupable. S’il n’a pas exprimé alors sa conviction profonde, il a menti. S’il l’a fait, il a failli. Dans tous les cas, il s’est montré indigne de sa fonction de Président et de protecteur de la justice. Ceci m’amène à me demander si l’immunité, a priori destinée à le protéger des conséquences de ses actions dans la vie de tous les jours, peut s’appliquer dans ces circonstances.  

A New-York, Nicolas Sarkozy a donné une interview pour laquelle deux journalistes avaient été convoqués. Remarquons au passage que d’ordinaire, on s’abstient d’évoquer des sujets intérieurs à la France depuis l’étranger et que, de surcroît, la réalisation de cette interview en France aurait permis quelques modestes mais symboliques économies d’émissions de gaz carbonique. On peut supposer que, à moins d’un excès de confiance en soi, ce qui, dans le cas du Président, n’est malheureusement pas à exclure, il avait soigneusement préparé cet entretien avec ses conseillers. Même si les questions de ces journalistes ne leur avaient pas été suggérées, il est évident que celles susceptibles d’être posées, avaient été envisagées et que les réponses avaient été soigneusement pesées. Quiconque prépare une présentation publique s’astreint à ce genre d’exercice et choisit soigneusement ses mots. Et voilà qu’un homme, dont l’action se résume le plus souvent au maniement du verbe dans des démonstrations théâtrales, se rend coupable de telles maladresses  (je reste poli) !


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