Ils ont l'air sorti d'un autre temps ces danseurs avec leur chapeau melon, leur costume gris, leurs pas calés les uns sur les autres. Un peu poètes, un peu ringards, un peu modern jazz, un peu acrobates. Ils appartiennent tous à la Wee dance compagny qui fête ses 10 ans au Tacheles, le touristico-squat de Mitte. Jusqu'au 11 octobre ils y rejouent leurs pièces anciennes et présentent leur dernière création Schwarz, ohne Zucker. Elle jure cette compagnie dans le paysage contemporain berlinois. Loin des grandes fresques épurées de Sasha Waltz, des expérimentations du Dock 11, des hybridations des Sophiensaele, du grand spectacle à la Constanza Macras, la Wee dance company semble avoir gardé un esprit 80s modernjazz, où les mouvements s'exécutent encore ensemble, les solos sont des tour de force. Autant le dire tout de suite, ce There is Time vu mi-septembre au Tacheles ne m'a pas beaucoup touchée. L'ensemble - 6 danseurs sur scène - est bancal, les interprètes manquent de personnalité, les pas de deux ou de trois se répètent avec ennui. La Wee dance Cie a toujours revendiqué cette place "d'enfant terrible" selon le communiqué de presse - je dirais plutôt sage- , mais effectivement à contre-courant de ce qui se fait à Berlin. Comme son nom l'indique There is time, pièce créée en 2005, explore la notion du temps. Les horloges, les moments de la journée, le passé, le futur, enfin tout ça nous est asséné à grands coups d'allusions pas fines, et de vidéos naïves, pour ne pas dire un brin gnan-gnan. La compagnie se revendique "poétique", et il y en avait effectivement dans quelques images et la belle mise en lumière. Ce duo accroché au plafond, qui balance au-dessus de nos têtes, cette femme seule sous une douche de sable, ce duo qui joue avec un ballon baudruche. Les moments les plus forts sont ceux où enfin le danseur se dévoile, accepte enfin de donner chair à son personnage plutôt que réciter des pas appris et répétés en groupe. Dan Pelleg et Marko E.Weigert sont les deux chorégraphes. Ce soir-là ils sont aussi sur scène, pas plus émouvants que les autres. Cependant la salle était bien belle, au premier étage du Tacheles, avec ses murs bruts et ses plafonds si hauts. Manque de bol, le Zapata juste en dessous a commencé son concert avant la fin de la pièce. Mauvais rock comme bande de son sourde là où There is time tentait la délicatesse. C'est aussi ça, jouer dans des vieux squats.
La Wee dance company présentera Schmetterlingsdefekt du 25 au 27 septembre et Schwarz ohne Zucker du 1er au 11 octobre.