Et si, bientôt, on ne parlait plus de Bric, mais de Brici ? Au groupe Brésil, Russie, Inde et Chine des pays émergents en pleine explosion, l'Indonésie pourrait un jour venir se greffer. Depuis que l'on évoque la reprise en Asie, les projecteurs se sont braqués sur ce pays, première économie d'Asie du Sud-Est, avec un PIB de 511 milliards de dollars et quatrième pays le plus peuplé au monde.
Reprise asiatique
"La première zone à émerger nettement et franchement de la crise est incontestablement l'Asie, en raison notamment d'un endettement privé et public moins élevé qu'en Occident, d'une relative solidité des systèmes bancaires, de politiques économiques ambitieuses et assez efficaces. Pour les quatre pays asiatiques qui ont publié leurs comptes du deuxième trimestre (Chine, Indonésie, Corée du Sud et Singapour), le PIB a progressé en rythme annualisé de plus de 10%", explique Jean-Pierre Petit, stratège de marché, sur le blog de Lupus.
Même son de cloche du côté du Fonds monétaire international, qui table désormais sur une croissance de 5,5% pour les pays émergents de la région.
Les épreuves révèlent la force
L'Indonésie a abordé la crise avec de solides avantages. La crise monétaire asiatique de 1997 a eu le mérite de déclencher des réformes dans certains Etats, dont celui-ci. Depuis les années 2000, la stabilité économique du pays est prouvée, avec une très faible volatilité du PIB. En 2008, l'Indonésie est même parvenue à sortir son premier budget équilibré. Plutôt qu'une croissance de 7% en surchauffe avant la crise asiatique, le pays avait une croissance plus modeste, tournant autour de 5-6%.
Surtout, dès janvier, l'agence Fitch a anticipé la bonne tenue de l'Indonésie dans la crise : "La reprise de la demande domestique – facteur de croissance – et, surtout, le retour des investissements dans le secteur privé placent le pays en bonne position pour affronter l'environnement actuel de récession globale, les conditions de crédit volatiles et les prix bas des matières premières." Les prévisions de Fitch se sont révélées correctes, la consommation a porté la croissance du pays, en augmentant de 5% au deuxième trimestre, pour retrouver un niveau inférieur de seulement 1% à la même période de l'année précédente.
Evidemment, les attentats terroristes menés par des groupes musulmans extrémistes ont ébranlé le pays, mais il est important de noter la réélection du président Susilo Bambang Yudhoyono et une stabilité politique forte, éléments indispensables pour les investisseurs.
Prête à prendre son envol
Membre fondateur de l'Asean (Association des nations d'Asie du Sud-Est), en 1967, l'Indonésie met tout en oeuvre pour s'intégrer dans l'économie mondiale et pour attirer les investisseurs étrangers. Réunie à Bangkok fin août, l'Asean a marqué sa volonté de faire avancer la création d'une Communauté économique de l'Asean (AEC).
De quoi donner un nouveau souffle à l'économie indonésienne, car ce marché représente 584 millions de personnes, un PIB cumulé de 1 506 milliards de dollars et un volume d'échanges de 1 710 milliards de dollars (2008). "Les investisseurs s'intéressent surtout à la profondeur et à la diversité de ce marché unique. Seuls, la plupart de ces pays [de l'Asean] ne font pas le poids", explique Jean-Jacques Bouflet, conseiller commercial de la délégation de la Commission européenne en Thaïlande, sur www.thaïlande-fr.com.
L'Indonésie fait cependant partie des rares pays de l'Asean à être capable d'attirer des investisseurs étrangers. Pour cela, elle vient de décider de consacrer une part importante de son nouveau budget aux infrastructures et aux services. Le but est de créer les conditions politiques, sociales et économiques propices à l'investissement étranger. Celui-ci ne devrait pas rester insensible au chant des sirènes indonésiennes, car ce pays sera sans doute l'un des rares à afficher une croissance forte en 2009.
Première parution le 3 septembre dans le numéro 47 de MoneyWeek - Par Ingrid Labuzan, - http://www.moneyweek.fr