Le Pentagone a informé le Congrès américain d'une possible vente de batteries antimissiles sol-air Patriot (PAC-3) et d'équipements associés à la Turquie pour un montant de 7,8 milliards de dollars.
Ce projet de vente, notifié au Congrès américain par l'Agence de sécurité et de coopération de la Défense (DSCA), comprend 13 "unités de tir" Patriot, 72 missiles intercepteurs PAC-3 et une série d'équipements associés à ce système sol-air de défense aérienne, précise la DSCA dans un communiqué obtenu lundi par l'AFP.
La Turquie, seul pays membre de l'Otan possédant une frontière avec l'Iran, "utilisera ces missiles PAC-3 pour améliorer ses capacités de défense antimissile, renforcer sa défense nationale et dissuader les menaces régionales", indique le communiqué.
Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert de son programme civil, ce que Téhéran dément.
L'Iran refuse toujours de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium, malgré cinq résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU en ce sens, dont trois assorties de sanctions. (AFP, 14 sept 2009)
Pourquoi déployer des Patriot américains en Turquie, interrogent des experts
Les analystes turcs s'interrogent sur le bien fondé pour leur pays d'un projet de vente de missiles Patriot américains à la Turquie, pour 7,8 milliards de dollars, en l'absence de menace tangible sur le territoire turc et alors que l'économie locale souffre de la crise mondiale.
Le Pentagone a récemment informé le Congrès américain qu'il souhaite vendre des batteries antimissile sol-air Patriot (PAC-3) et des équipements associés à l'armée turque, qui depuis longtemps veut se doter d'un tel système.
Ce projet, qui, s'il devait se concrétiser, serait la plus grande acquisition d'armes jamais effectuée par la Turquie (5,3 mds d'euros), a été notifié pour approbation au Congrès américain par l'Agence de sécurité et de coopération de la Défense (DSCA).
Les Etats-Unis sont le principal fournisseur d'armes de la Turquie.
Quatre firmes, deux américaines (dont Raytheon qui produit les Patriot), une russe et une chinoise, sont en compétition depuis avril dans un appel d'offres du gouvernement turc, qui a décidé en 2006 d'acquérir une défense antimissile, a expliqué le ministère turc de la Défense.
On ignore quand Ankara tranchera sur l'affaire, tandis que les questions fusent sur la pertinence de cet achat.
L'intérêt d'installer des missiles américains en Turquie, pays frontalier de l'Iran, en pleine crise sur la question du nucléaire iranien, semble évident pour les Etats-Unis, mais il l'est moins pour la Turquie, notent les analystes.
La Turquie "utilisera ces missiles PAC-3 pour améliorer ses capacités de défense antimissile, renforcer sa défense nationale et dissuader les menaces régionales", selon la DSCA.
Or la Turquie, membre de l'Otan, est-elle menacée par un Etat voisin ? "Non" répond Ercan Citlioglu, expert en matière de terrorisme international.
"Contre quel pays seront alors dirigées ces armes ?". L'Iran, qui fait régulièrement état de progrès dans le domaine de son programme balistique et que les pays occidentaux soupçonnent de vouloir se doter de l'arme nucléaire, est le premier qui vient en tête, dit-il à l'AFP.
"Washington peut considérer l'Iran comme un pays voyou, mais ce pays n'a, en aucun cas, montré des signes d'animosité envers son voisin turc", souligne l'analyste.
"Acheter des missiles ne veut pas dire qu'on attend une menace", s'est défendu le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, qui mène une politique active dite de "zéro problème" avec tous les voisins de la Turquie.
L'Iran n'a pas, jusqu'à présent, réagi publiquement à ce projet de vente américaine à la Turquie.
Sedat Laçiner, directeur de l'Institut pour les recherches stratégiques (USAK), voit dans cette possible transaction la volonté de l'administration américaine d'"empêcher le rapprochement d'Ankara avec la Russie et l'Iran".
Pour ce spécialiste, les Patriot seront un moyen pour les Américains de contrôler la situation géopolitique de la région par le biais de leur puissante industrie de défense.
Et il pose la question de savoir si l'état-major turc aura de fait le plein contrôle de ces missiles.
L'acquisition de ces armes devrait par ailleurs fortement creuser la dette extérieure de la Turquie, qui s'élève à 150 mds de dollars (102 mds d'euros), dans un contexte de récession économique due à la crise mondiale.
Sauf si le paiement de ces armes est échelonné sur plusieurs années, voire aidé par le Pentagone.
"Cet achat est inutile. On peut construire 70 universités avec cet argent en Turquie", martèle Hasan Köni, professeur de relations internationales à l'Université Bahçesehir d'Istanbul.
Source du texte : NOUVELLES D'ARMÉNIE