Ce n’est qu’à soixante ans que Patrick Raynal découvre le journal écrit par sa grand-mère racontant les quinze mois de sa déportation au camp de concentration deRavensbrück. Cescinquante-six pages de souvenirs, il va les publier intégralement à la fin de son livre et c’est très émouvant. Sa grand-mère a été arrêtée en tant que résistante. Femme d’officier, profondément catholique, elle est revenue moins anti-communiste qu’elle ne l’était au départ !
Mais l’essentiel du récit tient aux commentaires autobiographiques auxquelles se laisse aller l’auteur en choisissant certains passages du récit de sa grand-mère. Il rassemble ses souvenirs et ceux de sa famille,il confronte les réminiscences de chacun pour essayer de mieux comprendre cette femme qui l’a élevé et qui lui a toujours caché soigneusement cette partie de sa vie. Son petit fils ne cesse de chercher les raisons de ce silence familial. Pourquoi sa grand-mère ne lui a-t-elle rien dit et pourquoi sa mère a-t-elle fait de même ? Pourquoi ce secret ?
«Je ne sais trop pourquoi j’ai raconté tout ça. (…) En fait, Mamie, je n’en sais rien. … Je me rends compte que j’ai essayé de tout te dire, de te raconter comment le gamin que vous aviez recueilli, grand-père et toi, était devenu un homme qui a cessé enfin de se détester. Un homme qui a retrouvé l’origine de ses valeurs dans le récit posthume de ton courage et de tes souffrances, un homme qui doute moins depuis qu’il t’a lue.»
C’est un livre attachant sur les secrets de famille, que l’on cache même s’ils n’ont rien de honteux, sur les convictions qui se forgent au gré des événements, sur l’importance des traces écrites, sur les haines inattendues même dans les familles les plus méritantes. C’est un livre que j’ai bien aimé !
Lettre à ma grand-mère de Patrick Raynal (Flammarion, 2008, 227 pages)