George vit avec Nina à Brooklyn. Ils pourraient former un couple comme les autres, sauf que George est homosexuel et Nina enceinte d'un certain Howard
qu'elle ne veut pas pour père de son enfant. C'est à George qu'elle demande de l'aider pour élever le bébé. Même si son métier d'instituteur de maternelle lui procure une grande aisance avec les
jeunes enfants, George n'est pas du tout prêt à endosser une telle responsabilité . D'ailleurs, il n'est prêt pour aucune responsabilité et c'est bien son problème. La trentaine, il refuse de
s'engager dans une relation durable avec Joley, son petit ami avec lequel il vivait avant d'emménager avec Nina. Et ce bébé, va-t-il accepter de s'en occuper ? Et Howard, est-il juste qu'il soit
ainsi écarté de la vie de son enfant ? Et ce Paul qu'il rencontre lors d'une escapade dans le Vermont et qui a l'air de s'attacher à lui, faut-il lui résister ?
Toujours à se poser des questions sans jamais y répondre, à s'inquiéter de son apparence, à ne pas trop s'impliquer dans quoi que ce
soit, George est aussi attendrissant qu'énervant. C'est une sorte d'adolescent très tardif qui voudrait tirer le meilleur de la vie, sans les tracas. Il m'a fait souvent penser aux personnages de
Nick Hornby. Sauf que George est homosexuel, comme l'auteur, et que ça donne une touche d'humour en plus. D'ailleurs humour et légèreté sont les maîtres-mots de ce roman, une comédie de la fin
des années 80 qui a acquis avec le temps un certain charme rétro (pas de téléphone portable, ni de CD ni de DVD).
L'homosexualité du héros n'apparaît jamais comme une difficulté, il s'assume totalement (pas de traumatisme adolescent) et ça ne pose aucun problème à ses amis. Le problème de George, c'est
plutôt de grandir, de prendre des responsabilités et de s'engager dans la vie. Quand il doit prendre une décision, sa technique est toujours la même : "Le seul projet qui se dessinait
nettement dans ma tête pour les mois à venir consistait à rester au lit et à lire d'énormes romans victoriens en mangeant des cacahuètes. Cela ne m'aiderait pas à payer le loyer, mais me
permettrait au moins d'oublier les diverses catastrophes qui se mettaient en travers de ma route."
Du coup, on peut peut-être s'agacer à le voir tergiverser, et s'apitoyer sur son sort et certaines situations sont de fait un peu
longuettes. Mais l'humour de McCauley prend le dessus et même si on lui mettrait bien deux ou trois coups de pieds aux fesses, on s'attache à George comme à un homme fragile tout soudain rattrapé
par les difficultés de la vie.
Ce film a été adapté au cinéma en 1998 par Nicholas Hytner
Le billet de Karine:)
L'objet de mon affection
3.5
Stephen McCauley traduit de l'américain par Philippe R. Hupp
10/18, 1997
ISBN : 978-2-264-02174-8 - 382 pages - 7,40 €
The Object of my Affection, parution aux Etats Unis : 1987