Lapsus ou recours à une formule délibérément provocatrice ? En désignant par leterme de “coupables” des prévenus dans un procès en cours n’est pas anodin. L’absence de regrets ou d’excuses a posteriori du Président ou de son clan atteste d’une sémantique voulue et assumée. Comme ancien avocat Nicolas Sarkozy n’ ignore pas, sauf amnésie vagale, la différence entre les deux termes.Comme Chef de l’Etat il connaît la puissance et la portée de la parole présidentielle qui veut, pour éviter toute polémique, que chaque mot soit soigneusement ciselé. Ajouter à cela que selon l’article 64 de la Constitution le président de la république estgarant de l’indépendance de l’autorité judiciaire et l’on est en présence d’une affaire aussi grave qu’ affligeante.
La terre américaine donne à Nicolas Sarkozy des envies de règlement de comptes à la OK corral. Mais voilà, la justice française n’est pas celle du far west. On ne peut pas s’asseoir avec cette décontraction de gosse coléreux et mal élevé sur le principe de présomption d’innocence. Sans goudron ni plumes, sans lynchage également, la justice quelles que soient les qualités des prévenus, et des parties civiles, se doit d’être impartiale.De New York pourtant, Nicolas Sarkozy a retiré à la justice le bandeau censé la rendre aveugle en désignant, par des raccourcis dont il a le secret, le seul verdict possible : coupable.
On le sait depuis longtemps Nicolas Sarkozy a un problème avec la justice qui dépasse sa seule haine à l’égard de Dominique de Villepin. C’est une nouvelle fois le mélange des genres, l’absence de retenue qui choquent. Celle qui s’est traduite par la volonté exprimée de vouloir pendre à un croc de boucher le ou les responsables de la manipulations des listing dans l’affaire Clearstream. La vengeance n’est pourtant pas la justice. Pas plus que la fonction présidentielle ne saurait être utilisée comme un blanc-seing pour faire tout et n’importe quoi.
L’entourage du président porte une lourde responsabilité quand, phénomène de cour oblige, il en rajoute au lieu de tempérer ou de corriger. Ainsi, pour Frédéric Lefebvre, “les coupables sont toujours parmi les prévenus“, quitte à oublier qu’ accessoirement on trouve aussi des innocents sur le banc des accusés. Frédéric Lefebvre est parait-illicencié en droit. On préférerait qu’il soit licencié par la république.
Au final, on retiendra l’analyse de Philippe Waucampt du Républicain Lorrain pour qui, “L’acharnement d’un homme, Nicolas Sarkozy, est démontré par la manière dont ce dernier déforme le statut des prévenus, comme pour indiquer aux juges comment ils doivent statuer. C’est aussi haineux que maladroit. Puéril à un point qu’on se demande dans quel pays on vit.” Tout est dit.