Le lapsus
n'est pas un mot d'esprit.
Il en diffère par son origine et par ses effets. Le mot d’esprit est
une création du conscient, le lapsus une production de l’inconscient. Le mot d’esprit suscite de la sympathie et de l’admiration. Le lapsus fait rire au détriment du locuteur et ébranle la
considération que l’on a pour lui.
Rassurons-nous : « linguae » (commis en parlant), « calami » (commis en écrivant), « memoriae » (trou ou modification de mémoire) ou « clavis » (sur le clavier d’un ordinateur ou d’un smartphone), le lapsus n’est pas un virus ou une maladie. Chacun d’entre nous fait des lapsus et conserve encore des amis. Pas besoin de se faire vacciner.
Ce n’est pas aussi simple pour un dirigeant, en l’occurrence un chef d’Etat.
Calamiteux, le lapsus peut se
révéler « crisogène ». Crise de rire ou crise de confiance, il engendre un doute sur le locuteur et sur son message.
Attention à la
récidive… coupable !
Dans son livre « Psychopathologie de la vie quotidienne », Freud s’intéresse notamment aux oublis de noms, aux actes manqués et aux lapsus. Pour lui, le lapsus linguae n’est pas le fruit d’une simple contamination sonore mais trouve son origine dans « une source en dehors du discours » : « Cet élément perturbateur est constitué soit par une idée unique, restée inconsciente, mais qui se manifeste par le lapsus et ne peut, le plus souvent, être amenée à la conscience qu'à la suite d'une analyse approfondie, soit par un mobile psychique plus général qui s'oppose à tout l'ensemble du discours. »