On peut avoir fait le catalogue des choses à faire et à ne pas faire. Il n’empêche que nous pouvons pas échapper aux erreurs et aux affres qu’elles causent. Peu d’entre elles sont fatidiques. N’oubliez pas que dans la Grèce antique l’« agonia » est une lutte mentale pour la victoire et que « agein » signifie avoir le leadership ! La souffrance renforce la détermination à gagner, et cette détermination dépend de la profondeur et l’ampleur de votre engagement personnel. Il vous faut un peu de chance, bien sûr, mais vous avez le pouvoir de gérer ce que vous voulez miser et comment vous allez le faire. En d’autres termes, vous avez le pouvoir de construire votre chance.
La force du lien à votre projet est une composante essentielle du succès et souvent vous ne savez pas ce dont vous êtes capable avant de vous lancer. Vous êtes plus que votre CV. Votre background ne se résume pas à un CV, qui, en fait, ne vous exprime qu’en surface. La réalité d’une personne est un logiciel qui opère en tâche de fond dans sa tête et dans son cœur : on le voit pas, mais il fonctionne à l’arrière-plan. Comme fonctionne, du reste, l’arrière-plan en peinture, un paysage, des objets ou simplement une lumière derrière ou autour de cette personne. Cet « arrière-plan » révèle beaucoup de choses sur vous, souvent à votre insu. Il permet de savoir si vous croyez à ce que vous faites et si vous aurez le courage nécessaire.
Les entrepreneurs se consacrent corps et âme à leur projet. En fait, ils sont obsédés par ce projet. Cela dit, ils vivent rarement seuls. Il leur faut donc souvent gérer les risques et les sacrifices associés au fait de lancer une entreprise et ils doivent être conscients que leur objectif peut bouleverser leur environnement personnel et familial. Indiquez la couleur dès le départ. Assurez-vous aussi que vos collègues peuvent également compter sur la compréhension de leur famille. Voici un scénario typique que j’ai vu à maintes reprises : l’un des fondateurs promettant à son/sa partenaire de ne pas travailler le samedi ou le dimanche, tard le soir ou tôt le matin.Parfait… sauf que : vous découvrez des bugs dans votre produit quand les adopteurs de la première heure les plus convaincus sont prêts à s’en servir, c’est à dire le week-end, à l’aube ou tard le soir. Si personne dans votre start-up n’est disponible pour leur répondre et pour, éventuellement corriger un bug évident, allez-vous les convaincre de vous soutenir si vous n’êtes pas totalement disponibles pour eux ?
Et votre passion peut être n’importe quoi ! Ne vous sentez pas obligé de choisir un domaine ou un certain type de carrière, juste parce que vous avez un diplôme d’une école de commerce - il sera précieux de toute façon. Ne laissez pas les gens vous dire : « Pourquoi as-tu investi dans un MBA [ou tout autre diplôme] pour finalement choisir de faire ça ! Ne vous emprisonnez pas non plus dans un complexe de supériorité. Les diplômes ne sont pas destinés à freiner les rêves. Catherine Margles a un MBA de Kellogg et après 15 ans dans la finance, elle a décidé de poursuivre ses rêves de cuisine et d’écriture. Regardez la vie étonnante de José Antonio Abreu, un économiste, qui a créé le réseau national d’orchestres d’enfants au Venezuela - aujourd’hui El Sistema, sans doute l’association artistique qui a le plus grand succès dans le monde.
La passion est le moteur d’un autre facteur clé du succès : peu importe que vous soyez timide ou pas, elle vous donne l’énergie qui vous permet d’évangéliser vos idées, de trouver des co-fondateurs, de premiers employés remarquables et de construire un réseau de gens qui sont sur la même longueur d’onde. L’équipe d’origine doit être un groupe de personnes contaminées, en mesure de rebondir sur des idées. Il peut arriver qu’elle finisse par créer un produit différent de ce qui était initialement prévu - ou se séparer (c’est l’histoire de Blogger, qui avait commencé en tant que PyraLabs et était censé être un projet de gestion des contacts pour le Web, et de to-do list). Trouver des partenaires est un test réel de viabilité de votre idée. Si personne ne soutient votre projet, qu’est-ce qui vous fait croire que vous avez un marché ?
Un autre test de viabilité est votre capacité à attirer des conseillers, des mentors et peut-être des angels, souvent des entrepreneurs qui ont travaillé dans le même domaine (ou sont simplement curieux de découvrir un nouveau domaine et disposés à apprendre de nouvelles choses). En faisant cela, vous gagnez le soutien des personnes qui sont en dehors de votre cercle personnel direct ou de celui de vos collaborateurs. Leur rôle est de vous aider, mais aussi de vous mettre à l’épreuve. Si vous ne trouvez pas de conseillers avisés et engagés, voyez cela comme un avertissement. Quand vous êtes parvenu à enrôler des co-fondateurs et des conseillers, vous avez une meilleure idée de la valeur de votre idée et si elle est plus qu’une opportunité marginale.
Suite dans le prochain billet. Le texte de cette conférence en anglais est accessible ici.