Certaines ne comprendront rien à ce que je vais raconter. D'autres croiront que je leur ai volé les mots de la bouche, surtout celles qui sont aux prises avec les montagnes russes du post-partum.
Voici ma révélation-choc: Le congé de maternité n'est pas synonyme d'euphorie pour moi. M'occuper d'un nourrisson toute la journée ne me permet pas d'atteindre les hauts sommets de l'accomplissement personnel. Cela m'aura pris 3 naissances, 21 mois d'allaitement et quelque 10 000 changements de couches pour arriver à ce constat. Je me suis fait lentement à l'idée que je suis une mère imparfaite: la symbiose mère-bébé, ce n'est pas (toujours) pour moi. J'aime ça. Mais pas tout le temps. Et pas 24h par jour.
Mais entendons-nous. J'aime mes enfants. Et j'ai dû être une mère insupportablement gaga lorsque je racontais les "premières fois" de mes bébés. Et j'ai dû essayer de donner des conseils plates à des nouvelles mères qui n'en n'avais nullement besoin. Mais préparer des purées (et attendre patiemment qu'elles soient ingurgitées avec une grimace), changer des couches (et constater que les bleuets ont définitivement une influence sur la couleur surnaturelle du contenu) sont des tâches qui ne me transformeront pas pour toujours.
Comment faire alors pour que le congé de maternité ne soit pas une longue succession de mois interminables? Ou un curieux amalgame d'hormones féminines et post-natales mal dosées? Il s'agit de ce défaire de ce sentiment de culpabilité à ne pas être tissée de la fibre maternelle avec un grand F - m'enfin, juste avec un f minuscule. À partir du moment où j'ai compris que le congé de maternité pouvait être perçu comme des vacances, tout s'est tellement mieux passé!
C'est vrai! La mère imparfaite en vous n'a-t-elle jamais remarqué que dans l'expression "congé de maternité" se trouve le mot "congé"? Que fait-on pendant un congé? On enchaîne une après l'autre une série d'activités qui nous plaisent. Chaque journée, je me débarrassais vite fait du ménage et autres obligations (pendant que Frérot était réveillé) et je partais à la conquête du monde (pendant qu'il était au pays des rêves). C'est ainsi que j'ai enfin trouvé le temps de faire un peu (plus) d'exercices, de lire et de rédiger avec Anik un bouquin de près de 200 pages. Fini le cauchemar du congé de maternité! J'avais enfin trouvé l'équilibre idéal entre mes besoins et ceux de ma famille. À tel point que j'ai eu un bon petit blues à quitter cette routine confortable :oS
Mon bébé a-t-il souffert que je prenne mon pied pendant 11 mois? Je ne crois pas (mais c'est peut-être parce que le concept de psychothérapie lui est étranger). À ma décharge, Frérot a deux grandes soeurs qui le divertissent agréablement. Il possède un coffret bien rempli de DVD pour bébés à rendre jaloux ses petits copains de garderie. Il a des jouets colorés dans toutes les pièces de la maison (vous seriez surprises de voir le trafic de matériel de bébé dans mon réseau d'amies!). Et il peut s'empiffrer seul de "little puffs". Que demander de mieux?
Voici une dernière révélation-choc : avoir enfin le temps de faire tout ce que je veux pendant un congé de maternité, voilà ce qui me fatigue quand il est terminé et que je jongle avec les impondérables du boulot.