Une situation alarmante pour John Sargent de Macmillan : « Nous nous trouvons dans la position de l'industrie de la musique, juste avant le partage de fichiers. » Une déclaration accompagnée d'un constat : 90 % de ses ouvrages récents seraient proposés sur des sites pirates.
Table rondement menée
Lors de cette table ronde qui réunissait bien évidemment Chris Anderson, le rédacteur en chef de Wired, mais aussi Gary Hoening, DG d'ESPN Publishing et Alan Murray, rédacteur en chef adjoint du WSJ, les débats autour de la gratuité et du livre n'ont pas manqué...
Anderson voit les choses comme suit : auparavant, on offrait 10 % pour vendre 90 %. Désormais, on offre 90 % pour proposer un service premium X ou Z de 10 % plus haut de gamme et plus concret. Et l'avantage du net est de pouvoir offrir efficacement et rapidement ce que désirent les internautes. Marketing viral, quand tu nous tiens. Pourtant les propos d'Anderson - tiens, c'est le nom de Neo dans Matrix... - ne manquent pas de justesse, bien qu'ils ne fassent que fixer une tendance actuelle.
Des offres à élaborer et penser réellement
Pour conserver son lectorat, un magazine va devoir faire face à diverses problématiques, et l'argent peut entrer en compte dans la fidélisation. ESPN a ainsi proposé une formule d'abonnement de 1 $, pour l'accès au site internet, à l'année. Le débit fut immédiat pour ceux qui ont accepté, et la stratégie est la suivante : une personne qui a déjà payé pour un service peut payer plus pour un autre.
Pour le Wall Street Journal... il faut compter avec Rupert Murdoch : si ce brave homme a su monter un empire médiatique colossal voilà quelques années, il est aujourd'hui clairement à côté de ses basques dans le domaine. Cependant, le représentant du journal estime clair que la plus grande erreur fut d'ouvrir gratuitement les colonnes. Mais aujourd'hui, la vraie question est de savoir quel contenu allez-vous fournir pour des lecteurs, et qu'ils ne trouveront nulle par ailleurs.
La gratuité, ce crime de lèse-majesté !
Finalement, alterner entre gratuit et payant n'est pas une schizophrénie latente... excepté pour Sargent. Intégriste du tout payant, une espèce rare de nos jours, il fait également figure de père Fouettard avec des idées bien arrêtées sur la gratuité. Si la propriété, selon Marx, incarnait le vol, la gratuité, selon Sargent, c'est bien pire. Pas question de proposer du gratuit ! Mais il reconnaîtra que, si les lecteurs ebooks d'aujourd'hui sont encore un peu à la traîne, leurs progrès pourront effectivement apporter un certain renouveau.
Anderson, suggère alors qu'il est peut-être temps de repenser le livre, et Hoening l'appuie : « Je ne comprends pas pourquoi notre industrie pense qu'elle doit être exemptée de ce par quoi General Motors et Chrysler passent actuellement. » Il faut au contraire trouver de meilleurs outils et parvenir à fabriquer mieux.