Ecrire pour mieux énoncer les choses.

"Une huitre

C'est la petite auberge

D'une bête qui vit dans les algues"

Haïku d'Ichu

Les listes nous forcent à défnir, à clarifier.  Elles nous invitent 
à observer la vie avec plus de clairvoyance, à élargir notre 
conscience par circonvolutions, réflexions, questionnements, 
explorations ; elles nous aident à trancher dans nos choix, 
à choisir les mots, à devenir plus précis. 
Amusez-vous par exemple, à décrire la table à laquelle vous êtes 
assis en ce moment : comment sont sa forme, sa structure, quels 
sont ses attributs, que vous évoque-t-elle ? 
Prendre note par écirt de ses pensées est un moyen de les capter 
et de les rendre réelles.  Sinon elles ont tendance à rester dans le 
flou.  Mais il faut aussi apprendre à les nommer, à les ordonner, et 
par là les contrôler, les "posséder".
Une fois qu'une pensée, une chose, est nommée, elle devient nôtre ; 
nous entretenons alors avec elle un sentiment de propriété, de 
relation. 
Rééditer le contenu de sa mémoire ou de ses notes sous forme de 
listes entraîne à la rigueur et à l'intégrité.  Sans longs paragraphes, 
on ne peut plus "délayer" les faits, il faut les nommer.  On ne peut 
plus se mentir, se cacher les choses telles qu'elles sont, 
en les enrobant d'interprétations. 
Même si l'inexprimable peut être saisi dans une rubrique spéciale : 
faite la liste de ce que vous ressentez avec les mots que vous avez
pour le moment dans une colonne de gauche, puis attendez, laissez
en jachère, même pendant plusieurs semaines.  Au moment où 
vous vous y attendrez le moins, l'expression ou le mot exact jaillira. 

Tiré de :

DOMINIQUE LOREAU

L'art des listes