C’est Angelo Ripello qui le dit dans « Praga magica » (Ed. Terre Humaine, Plon) : «
Non seulement dans notre conscience, mais aussi dans la réalité, Prague et Kafka ne font qu'un. Dans L'Amérique, Rossmann révèle avec nostalgie à la cuisinière, viennoise d'origine qu'il est né dans la cité vltavine. Le réseau d'égratignures et de balafres qui déchirent les murs de Prague correspond aux blessures dont il est si souvent question dans les Journaux de Kafka. »
J’aime cette idée d’associer à certains êtres les lieux qui leur correspondent exactement (du moins dans notre imaginaire). A moins que ce ne soit l’inverse ? Souvent, d’ailleurs, en voyage je n’aspire qu’à ça : pouvoir croiser, même brièvement, les spectres qui, quelque part, hantent toujours nos mémoires. Je songe à Marguerite Duras (au bord du Mékong), à Malcom Lowry (dans la petite ville, sans âme, de Quauhnahuac au Mexique), à Giacomo Casanova (dans le cimetière de Dux, en Bohême). D’autres noms, moins connus, me viennent aussi à l’esprit. Sur Kafka, Angello Ripello ajoute ceci : «L'image de Kafka, «son long visage noble et basané de prince arabe
»,
se grave en surimpression sur les traits de la capitale de la Bohême. Il parlait peu et à voix basse, portait des vêtements sombres. « La Kafka - affirme Franz Blei - est une magnifique souris bleu lune, extrêmement rare, qui ne mange pas de viande, mais se nourrit d'herbes amères. Son regard fascine parce qu'elle a des yeux humains
» Extrêmement rare, nous dit-il…Illustration : Kafka à gauche, bien sûr !