La période est propice aux soutenances de thèses (pour des informations sur de nombreuses soutenances en études urbaines, voir le site Crévilles.org). Sous la direction de Thierry Paquot, Farida Seddik-Meghesli soutiendra sa thèse sur Alger, réflexion sur la violence. Essai d'articulation à l'urbanisation et aux transformations sociales en cours le mardi 13 octobre 2009 à l'Institut d'urbanisme de Paris (Université Paris 12 - Val de Marne) à partir de 14h30.
Résumé des objectifs de la thèse :
Nous avons mené dans le cadre d'un DEA en urbanisme une réflexion sur le conflit sanglant vécu en Algérie au cours de ces dernières années et tenté de comprendre sa genèse très urbaine à travers l'étude des spécificités de l'urbanisation algéroise, car Alger a été le territoire de la naissance de ce conflit, mais aussi l'enjeu de luttes urbaines silencieuses pendant de longues années, et on a vu que les tensions et les disparités ont fini par aboutir à une implosion qui s'est manifestée au sein de groupes sociaux dont l'installation urbaine a été fortement contrariée, qui ont pu s'organiser dans les quartiers de l'urbanisation clandestine, au début malgré l'Etat, puis pour finir, contre l'Etat, au moment de l'éclatement du conflit sanglant, suite à l'arrêt du processus électoral en janvier 1992.
C'est dans ces quartiers illicites que se sont développées, entre autres, dans le processus même de leur création malgré l'Etat, de nouvelles solidarités urbaines, vécues par une jeunesse en quête de sens, et qui a pris la figure de la religiosité revivifiée, pour développer les pratiques communautaires identitaires-islamiques (par opposition au modèle étatique "moderne"), et d'entreaide et de solidarité (dans un environnement de gestion urbaine inexistant ou défaillant).L'afflux vers la ville (même périphérique) est une nouvelle expérience pour les migrants de l'intérieur, ils y côtoient une population plus anciennement urbanisée, dont les comportements sont sinon acceptés, en tout cas imposés :
- Quelles transformations sociales ont accompagné ces installations urbaines périphériques ?
- En quoi la violence qui s'est exprimée à Alger est-elle comparable à cette violence qui devient une caractéritisque des grandes villes ?
- En quoi est-elle spécifique, pourquoi s'est-elle quasiment transformée en guerre civile ?
- Comment s'est passé le passage du communautarisme religieux socio-solidaire vers l'islamisme radical accompagné de l'idéal de la guerre sainte, le Djihad ?
Nous avons aussi à faire une réflexion sur le processus de création de l'Etat algérien, avec sa configuration moderne (comme modèle hérité de la colonisation et comme modèle de référence annoncé) après avoir relevé la critique de la réalité de sa construction, qui s'est accompagnée d'une structure tribale et clientéliste fonctionnant en réseau fermé, et qui a utiliséla violence légale contre la population opposante avec la justification du maintien de l'ordre... (quel ordre ? l'ordre clientéliste ou l'ordre de l'Etat de droit ?)
Un désarroi profond accompagne les mutations sociales et urbaines, car devant la destruction de structures anciennes d'organisation qui étaient cohérentes, la modernité et l'urbanisation demandent une redéfinition des valeurs... Nous mènerons une réflexion et une étud de terrain sur ces manifestations.