APHORiSMES 2#. Abdelmajid Benjelloun

J’aime cette expression je ne sais pourquoi: deux fois l’éternité.

Peut-être pour l’appliquer à deux belles femmes, qui n’auraient aucune rivale dans toute l’histoire de l’humanité.

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Lorsqu’on observe l’écho, il s’agit d’une rencontre boulimique, car elle prend une grande place dans le ciel.

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Que vaudrait un cri surveillant, fût-il d’un grand empereur, devant une goutte d’eau cristalline?

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Seuls les philosophes en situation de sagesse tumultueuse m’intéressent.

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Dans l’ouvrage collectif: Le spleen du poète, autour de Fernando Pessoa, je peux lire ces vers d’Angélus Silesius:

“La rose est sans pourquoi; elle fleurit parce qu’elle fleurit,

N’a garde à sa beauté, ne cherche pas si on la voit”. p.59.

Il m’est arrivé dans le passé de composer quelques aphorismes analogues. Est-ce que la communication de pensée existe aussi entre un livre et un homme?

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Beaucoup de poètes dont je suis publient des reculs de poèmes.

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Très souvent, lorsqu’on a très faim et très soif, l’une des deux envies disparaît sous l’autre.

On n’est alors en présence ni d’une soif de faim ni d’une faim de soif.

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Comment faut-il que j’explique que les hommes n’ont pas la main brève avec le ciel?

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Oui, c’est cela, on meurt pour cause d’éternité. Je m’explique: nous perdons de vue l’éternité que nous finissons par rallier définitivement un jour.

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Le ciel nous passe tout le temps entre les mains, mais nous n’y voyons que le feu.

C’est-à-dire rien/

Le feu qui est rien :

Il faut être poète pour le dire !

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Je suis ravi lorsque science et poésie s’opposent, ou tout au moins, donnent des choses, des interprétations participant de deux ordres de représentations strictement distincts. Il existe une multitude d’exemples à cet égard, mais je me contenterais de n’en citer qu’un: le fait que le miroir nous renvoie une image inversée de nous-mêmes. Pour l’homme qui connaît la loi scientifique à la base d’un tel phénomène, il y a constat d’un fait qui s’explique; mais je ne peux m’empêcher, dans le cas présent, de me délecter de l’étonnement voire même du ravissement, poétique, de ceux qui ne connaissent pas une telle loi.

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La raison, c’est le pourquoi des êtres et des choses, c’est la cause efficiente, et tant que la science restera à l’état d’imperfection qui est le sien-ce à quoi elle est congénitalement condamnée- elle n’établira pas la raison des phénomènes, mais leur déraison, en quelque sorte.

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Il est des poètes qui travaillent avec des instants détournés du temps, et ceux qui travaillent avec des instants extraits du temps, et je n’aime pas forcément le premier type précité de poètes.

Et la mort, précisément est présente dans ces deux types de situations.

(A suivre...)